Qui a espionné Belgacom ?
L'opérateur historique belge, Belgacom, a été massivement espionné, jusque dans son routeur central. Au profit de qui ? Anglais, américains, chinois, israéliens sont tour à tour mis en cause, le Président de Belgacom est lui-même soupçonné.
Au départ, c'est une affaire de succession. Le Président du Conseil d'administration de Belgacom Michel Moll (non exécutif, c'est Didier Bellens le CEO qui dirige l'entreprise) va être remplacé. Un processus normal. Sauf qu'en Belgique, cette nomination dépend du jeu politique. En l'occurrence, le parti libéral le MR soutenait Michel Moll, le parti Chrétien démocrate, le CD&V, va le remplacer par Stefaan de Clerck, ancien Ministre dela Justice. Unremplacement du aux équilibres politiques. Premier mystère donc, une entreprise semi-publique est le jeu des partis. Même les français n'osent plus de tels processus.
Le Président partant, Michel Moll, deuxième curiosité, est également patron d'un cabinet de conseil. Et parmi ses clients figure l'équipementier chinois Huawei. Ce dernier fait l'objet d'une mise en cause assez régulière, à tort ou à raison, des deux côtés de l'Atlantique. En l'occurrence, chez Belgacom vient de surgir une affaire d'espionnage et Michel Moll est soupçonné de collusion avec Huawei. « Cette affaire a été réglée en interne grâce à nos bonnes règles de gouvernance » plaide Michel Moll. Ce n'est pas l'avis de tout le monde. Michel Moll est même soupçonné de conflit d'intérêt, les commandes de Belgacom seraient affectées par sa double casquette. Huawei fait figure de coupable idéal dès qu'on parle d'espionnage dans les télécoms, mais la réalité est évidemment moins simple.
Un conflit d'intérêt ?
Michel Moll se défend et parle d'une succession d'évènements qui lui nuisent et ne doivent rien au hasard. Pour lui, son départ était acté depuis longtemps et n'a donc rien à voir avec l'affaire d'espionnage encore moins avec son client personnel l'équipementier chinois. Alors, qui a bien pu espionner l'opérateur semi-public belge ?
L'hebdomadaire allemand Der Spiegel pense avoir trouvé. Grâce aux documents d'Edward Snowden, il affirme que le GCHQ (The Government Communications Headquarters), agence de renseignement électronique britannique est l'auteur du forfait. Comment ? Elle aurait utilisé une technique de « quantum insert » qui permet de rediriger les salariés de l'opérateur vers un site fictif et d'envoyer sur leur adresse mail des logiciels espions. Le GCHQ aurait ainsi accès au routeur central de Belgacom.
L'opérateur historique belge, Belgacom, a été massivement espionné, jusque dans son routeur central. Au profit de qui ? Anglais, américains, chinois, israéliens sont tour à tour mis en cause, le Président de Belgacom est lui-même soupçonné.
Huawei hors de cause
Les anglais ont fait le coup ? Pas si vite, selon le quotidien belge De Standaard, l'agence britannique pourrait travailler pour son homologue américaine. Ce qui laisserait hors de cause Huawei qui d'ailleurs ne supporte plus les soupçons dirigés systématiquement contre lui. Une autre source belge met en cause l'Etat d'Israël via un équipementier de ce pays.
L'opérateur Belgacom a du se défendre. En expliquant avoir mis deux mois à nettoyer son réseau de toute trace de virus. Les comptes des clients ne seraient pas touchés. Une réponse qui ne satisfait pas tout le monde outre Quiévrain, le Parlement est saisi de cette affaire d'espionnage.