Qui a bu boira
Max Ray Buttler vient de se faire coffrer pour hacking, détournement de fond, vol d'identité, trafic de cartes de crédit et autres chefs d'inculpations liés à l'usage « hors limite » d'outils informatique. Jusqu'à présent, il ne s'agit là que d'un chien écrasé du monde de la sécurité, que l'on parcourt d'un écran distrait. Ce qui surprend, c'est la sévérité de la peine encourue : 70 ans d'emprisonnement, 1,5 millions d'amende... le Ministère Public Fédéral n'y va pas avec le dos du code pénal. C'est que Ray « vision » Buttler n'en est pas à son premier cyberbraquage. Il avait déjà subi une peine d'emprisonnement et avait ému les foules lors de sa sortie en libération conditionnelle. Un compte rendu relativement neutre et factuel est donné par Robert Lemos, dans le Focus, mais chez Richard Bejtlich, la relation des fait tourne vite à la leçon de morale : qui a bu boira, le serpent que l'on recueille en son sein ne saurait que mordre, pirate un jour, pirate toujours... Vérités bien pensantes dont se fait également l'écho Stacy Shelley sur le blog de SecureWorks. Le mot « rédemption » ne semble pas franchement appartenir au monde de la sécurité américaine. Une vision aseptisée de la société, dictée par la seule nécessité des professionnels du milieu qui cherchent à vendre de la confiance plus que de l'expertise. Cela ne parvient pourtant pas à faire oublier que la plupart des entreprises réputée sont nées à partir de développements franchement gris -sinon réellement noirs- et que le révisionnisme des « official biography » parvient mal à expurger des passés de hacker qui pourraient refiler de l'exéma au plus téméraire des Dir Com (qui était Franck Abagnale, qui fonda le L0pht Heavy Industry, plus tard At Stake, racheté par Symantec, à quoi servaient réellement les premières copies d'Internet Scanner, comment Apple parvint à réunir ses premiers fonds...). Voilà qui ne relance absolument pas le triste débat « should you hire a hacker »... embaucheriez-vous un ancien pirate. Qu'un ancien « coupable » ait rechuté, cela arrive, la prison étant avant tout une peine, et non un moyen d'amendement, et par conséquent le creuset qui fera fermenter les réactions désespérées les plus violentes. Dans le secteur de la criminalité en col blanc, l'on pourrait toutefois avancer que le taux de rechute est généralement assez faible. Plus fréquent, il ne provoquerait pas une campagne de presse aussi virulente que celle qui met actuellement Max Ray Buttler au pilori.