Quand la sécurité déraille
Privacy International (P.I.) organise une nouvelle fois son grand concours primant les mesures de sécurité les plus stupides. Afin d'illustrer le genre d'organisme pouvant prétendre à élection, le P.I. cite cette décision britannique interdisant aux passionnés de chemins de fer de fréquenter les quais de gare. Photographier une motrice est interprété comme un acte de guérilla, noter un numéro de train passible des assises. L'on pourrait également citer cette étonnante note de service du TSA (Transportation Security Administration) américain, lequel interdit le port du soutien-gorge rembourré au gel - généralement des prothèses mammaires externes- et n'autorise le transport que « de petites quantité de lait maternel » aux personnes accompagnant un nouveau-né. Après les bonnets C, les douaniers du Nouveau Monde porteront-ils le regard et la main sur les vertugadins ? Ajoutons que la crème solaire, les gouttes oculaires, le savon liquide ou shampoing, le pudding ( NDLC Note de la Correctrice : çà, on s'en doutait un peu), les yaourts (même non périmés), les semelles orthopédiques et les vernis à ongles sont désormais placés au tableau B des compagnies aériennes US et considérés aussi dangereux qu'une bouteille de nitroglycérine millésimée. D'ici à ce que les gratte-papier du DHS tombent un jour sur les écrits d'Alphonse Allais, et on interdira aux grand-mères leur macramé et leur ouvrage de crochet, des fois qu'ils cachent une dose de fulmicoton. En France, le néant culturo-neurologique qui affecte certains responsables sécurité de grandes compagnies pétrolières mériterait également une bonne place dans la catégorie « mesures de sécurité inexplicables ». En effet, nombreuses sont encore les pompes à essence qui arborent cette étiquette interdisant l'usage de téléphones cellulaires durant le remplissage d'un réservoir. Une mesure qui ne tient pas compte du fait qu'un GSM émet même lorsqu'il n'est pas en communication. En outre, si les vapeurs d'essence pouvaient s'enflammer à la moindre présence d'un champ électromagnétique, les radioamateurs, les gendarmes, les cibistes, les ambulanciers, les livreurs de pizza, les coursiers et autres utilisateurs de systèmes de transmission auraient été immolés par le feu depuis bien longtemps. Les pompistes également, soit dit en passant, car il est fréquent que la télémétrie des pompes et les interphones de stations utilisent des émetteurs UHF. La pratique de ces métiers ferait l'objet d'une croquignolette prime de risque, et les concessionnaires Elf ou Esso loueraient Sainte Barbe chaque 4 décembre. Ajoutons également que la simple charge de « statique » précédant un orage transformerait la France en 14 Juillet permanent. Comble de l'ironie, ce genre de signal se retrouve notamment sur les pompes d'une compagnie Françaises spécialisée dans le traitement de surface des côtes bretonnes et client privilégié des loueurs de « poubelles des mers ». Ce qui prouve que rien n'est plus relatif que la notion de sécurité.