Powerpoint complice de terrorisme
Peut-on imaginer un marché mondial néolibéral sans spécialistes du marketing ? Peut-on espérer rencontrer un spécialiste du marketing sans un rétroprojecteur et sa présentation Powerpoint ? Et quelles sont les chances de découvrir ce même présentateur sans son indispensable prothèse, le « stylo de pointage laser » ? Que Nenni ! dira-t-on en Français, Navarrais, Breton, Italien, Allemand ou Serbo-croate. En Australien dans le texte, en revanche, cela risque bien de ne plus être le cas. Car depuis quelques temps, une série d'attaques au stylo laser est perpétrée dans l'alignement du tarmac de l'aéroport de Sydney. Les pilotes, aveuglés, ont été obligés de détourner leur aéronefs vers d'autres pistes. La police est sur les dents, les médias ne cessent de rapporter l'affaire et parlent même d'un projet de loi visant ces viseurs et envisageant, incontinent, l'interdiction de vente desdits stylos sur la totalité du continent. Le laser de poche est donc « a serious weapon », découvre-t-on aux antipodes. Ce qui provoque immédiatement une réaction totalement infantile de la part de quelques Ministres ou Secrétaires d'Etat : la suppression pure et simple de l'arme du « crime ». Les truands Australiens doivent probablement utiliser des voitures en guise de bélier, pour braquer des banques, comme cela se pratique partout dans le monde. Les automobiles seront-elles soumises à un permis de port d'arme ? Cette confusion entre l'objet et l'usage de l'objet rappelle furieusement les Lopsi et autres lois cherchant à éradiquer les outils de hack « officiellement détenus » dans le but de protéger les ordinateurs-citoyens. C'est là refuser de voir que les personnes cherchant à commettre des actes délictueux n'ont généralement cure de demander une autorisation d'usage ou d'importation avant de perpétrer leur forfait. Les stylos-laser sont détournés par des délinquants, tout comme des délinquants tout à fait comparables « s'amusent » à caillasser des automobiles ou des trains de banlieue depuis les tabliers des ponts. S'il suffisait d'interdire la vente des moellons pour enrayer cette forme de violence urbaine, voir de supprimer les ponts, les voitures ou les trains, notre planète baignerait depuis longtemps dans un océan de douceur, de gués à traverser, de crottin de cheval et de chaumières en paille et autres matériaux écologiques et thermo-suffisants. Laissons donc à nos chers Directeurs Marketing leur arme préférée : le pointeur laser. Tant que ces outils seront en vente libre -avec quelques restrictions de puissance comme cela est déjà le cas en Europe et aux USA-, les bandes de quartiers n'auront pas l'idée de voir comment est fabriqué un Yag de 5 watts ou un CO2 de 50 Watts qui, eux, sont en vente libre sur le marché de l'occasion.