Pourquoi France Télécom annonce geler ses investissements dans la fibre optique

le 08/07/2009, par EuroTMT, Fibre optique, 797 mots

Mécontent des décisions prises par L'Arcep, qui préconise la pose de fibre surnuméraire dans les immeubles, France Telecom a décidé de geler ses investissements. Lors de la table ronde des Echos organisée vendredi dernier, l'opérateur a justifié cette décision.

Pourquoi France Télécom annonce geler ses investissements dans la fibre optique

(Source EuroTMT) Le 22 juin dernier, quand le régulateur des télécoms a préconisé la pose de fibre surnuméraire pour le déploiement de la fibre optique dans les immeubles, on se doutait que la décision n'allait pas plaire à France Télécom, adepte de la monofibre. Mais les experts étaient loin d'imaginer que l'opérateur historique irait jusqu'à geler ses investissements en guise de rétorsion. C'est en effet ce qu'a annoncé France Télécom le 30 juin précisant que la décision de l'Arcep entraînerait un surcoût de 40 % car le fibrage des immeubles représente 60 % des investissements et que de toute façon, il « ne savait pas déployer du multifibre et n'avait ni l'équation économique, ni le savoir-faire pour déployer cette technologie ». Menace ou simple bluff ? Véritable menace ou simple bluff pour tenter d'amadouer le régulateur ? Il est difficile de répondre tant l'opérateur historique est habitué à jouer au chat et à la souris avec l'Arcep. Geler les investissements retarderait sérieusement les ambitions du gouvernement français d'avoir 4 millions de foyers abonnés à la fibre d'ici 2012. France Télécom est en effet avec Numéricâble (qui ne propose pas de la fibre optique jusqu'à l'abonné), l'opérateur pouvant potentiellement raccorder le plus de foyers d'ici cette date. En gelant ses investissements, le groupe français se prive donc d'une avance sur ses concurrents puisque selon ses derniers, l'opérateur historique aurait déjà fibré plus de trois millions de foyers, soit une énorme longueur d'avance sur Free et SFR. Dans ce contexte, il était intéressant d'écouter les propos de Eric Debroeck, directeur de la réglementation de France Télécom pendant le colloque Télécom organisé les 2 et 3 juillet par Les Echos. Le directeur de la réglementation hausse le ton Intervenant lors d'une table ronde sur la fibre optique avec des représentants de Free, SFR et Numéricâble, Eric Debroeck a en fait passé plus d'un quart d'heure à lire un texte justifiant la décision de France Télécom. Après un début qui se voulait consensuel, « nous n'avons pas vocation à fibrer seuls les immeubles, nous voulons y aller avec les autres opérateurs », le directeur de la réglementation a haussé le ton rappelant que « France Télécom avait commencé ses tests de fibre optique dès 2006 », qu'il « avait testé les deux technologies » et pouvait donc savoir, contrairement à ses concurrents qu'elle était la meilleure. France Telecom résilie les conventions avec les syndics de copropriété Eric Debroeck s'en est pris ensuite au gouvernement, expliquant que si l'opérateur historique avait déployé massivement du monofibre, c'est parce que fin 2008, le ministre de l'époque, Eric Besson, avait assuré que les investissements en cours ne seraient pas remis en cause. « Fort de ce confort donné au monofibre, nous avons donc continué » précise Eric Debroeck dans son plaidoyer avant de sortir l'artillerie lourde : « le choix de la fibre surnuméraire en zone dense condamne le mono fibre dans ces zones. France Télécom a donc pris la seule décision qui s'imposait, à savoir suspendre les déploiements en cours sauf pour les accords déjà passés et résilier les conventions prises avec les syndics de copropriété. » Et de conclure : « en l'état actuel des recommandations de l'Arcep, France Télécom n'est pas incité à investir. » Ces propos ont vivement fait réagir Maxime Lombardini, le directeur général - d'Iliad (Free) : « il est faux de dire que le coût du multifibre est nettement plus élevé que celui du monofibre et que 60 % des coûts sont imputés au fibrage transversal. » Comme le constatait un expert, l'annonce, toujours incompréhensible, de France Télécom constitue soit un changement de stratégie majeur (abandonner la fibre), soit une décision tactique pour obtenir des contreparties. Reste à connaître lesquelles. Numéricâble entretient le flou Lors de la table-ronde des Echos, Numéricâble était représenté par son secrétaire général, Jérôme Yomtov. L'opérateur, qui est le plus avancé en France dans le déploiement de la fibre avec 4,1 millions de foyers raccordables (sur 9,4 millions de prises), devait préciser sa position par rapport aux décisions de l'Arcep. Car Numéricâble est plutôt partisan du monofibre. Or, l'opérateur qui s'est déjà vu interdire l'installation de fibres dans les immeubles où il est déjà présent sans signer de convention avec les propriétaires (amendement Numéricâble de la LME) subit là un deuxième échec. Mais cela n'a pas semblé perturber Jérôme Yomtov, dont le discours marketing, à contre-courant du reste de la table-ronde, a surtout eu pour résultat d'entretenir le flou sur son nombre réel d'abonnés et sur sa politique de déploiement. Lire aussi : Très haut débit : l'Arcep donne le feu vert à l'initiative de SFR et Iliad Fibre dans les immeubles : les points en suspens retarderont le très haut débit Fibre optique dans les immeubles : le choix implicite de l'Arcep fait débat

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