Pour survivre, BlackBerry se concentre sur BES 10 et les entreprises
Après une année difficile due à la chute des ventes de ses derniers smartphones, BlackBerry mise désormais sur le management des mobiles avec sa plate-forme BES10. Mais le marché est très concurrentiel et les analystes restent sceptiques.
Après avoir connu des problèmes de vente de ses derniers smartphones, BlackBerry se focalise désormais fortement sur l'entreprise. Il opte notamment pour la distribution, souvent gratuite, de son client logiciel pour le service Enterprise Service 10 mobility management (BES10). Pour combattre, durant ces six derniers mois, une couverture média très critique, il a multiplié les communiqués presse et les posts sur les blogs annonçant de nouveaux clients ou des mises à jour du BES10. Récemment, BlackBerry a par exemple revendiqué 800 000 licences BES10 depuis le 31 mars, date à laquelle il a lancé, pour une durée limitée, EZ Pass, un programme de licences gratuites et à vie.
Le cabinet d'études Strategy Analytics vient justement de publier un rapport concluant que la migration du BES5 au BES10 coûte moins de la moitié, sur cinq ans, que la migration du BES5 vers des produits EMM (Entreprise Mobile Management) concurrents : AirWatch (racheté par VMware), Citrix, IBM (avec Fiberlink), Good Technology et MobileIron. «C'est quelque chose que BlackBerry aurait dû faire depuis des années, estime Patrick Moorhead, analyste chez Moor Insights & Strategy. Le constructeur continue de perdre des clients, simplement à un rythme moins soutenu. Pour survivre, il doit s'affirmer comme la plate-forme de référence dans la gestion des mobiles.»
BlackBerry se veut n°1 en EMM
BES10 fonctionne également en environnement BYOD (Bring Your Own Device), dans lequel de multiples plates-formes doivent être pris en compte, incluant BlackBerry, iOS et Android. Or, avec le BES10, une grande diversité de terminaux, d'applications et d'utilisateurs peuvent être gérés depuis une console unique. Une porte-parole chez BlackBerry a affirmé que la société est le numéro un des fournisseurs de solutions EMM avec plus de clients que ceux des trois concurrents directs réunis. En mars, BlackBerry a déclaré sur son blog qu'il y avait globalement plus de 30 000 serveurs BES10 installés. Les analystes, cependant, relèvent que le constructeur n'a pas précisé combien, parmi ceux-ci, servaient à des essais et combien étaient réellement en service. Si, depuis le 31 mars, le chiffre de 800 000 nouvelles licences peut paraître impressionnant, les analystes notent que celles-ci n'ont rien coûté ou très peu. Certes, admettent-ils, les licences gratuites ne couvrent pas le coût total d'une solution BES10 avec les frais associés.
D'autres fournisseurs font de même, selon les analystes. Par exemple, Microsoft Exchange Activesync est gratuit pour tout utilisateur d'Exchange. «Je ne pense pas que le coeur du problème soit de savoir si le BES10 est bon marché ou non, déclare Ken Dulaney, analyste au Gartner. La véritable préoccupation des utilisateurs réside dans la gestion des risques. » L'an dernier Ken Dulaney a préconisé aux clients du Gartner des alternatives à BlackBerry. Il s'appuyait sur les faibles ventes du Z10 et du Q10, ainsi que sur la situation précaire de la société et de ses finances. » Depuis, il a ajouté : « Ce n'est pas le rôle du Gartner de dire aux utilisateurs d'abandonner BlackBerry. Il est plutôt d'attirer leur attention sur les risques et sur leur degré d'acceptation de ceux-ci.»
Un pari très risqué
D'une manière générale, les analystes restent assez sceptiques. « Reste à savoir si le BES constitue un choix unique dans les entreprises clientes ou juste une solution EMM parmi d'autres », se demande Jack Gold, analyste chez J. Gold Associates. Quant à Carolina Milanesi, responsable de recherche chez Kantar WorldPanel ComTech, elle s'interroge sur la possibilité, pour BlackBerry, de redresser la situation. « BlackBerry affirme vouloir se concentrer sur l'entreprise, mais pas avec des terminaux. Or, le marché de l'EMM est très concurrentiel. S'il ne fait pas de doute que le constructeur connaît le monde des entreprises et peut leur offrir ce dont elles ont besoin, en revanche je ne suis pas sûre que le constructeur s'y prenne d'une manière compétitive ou différente de celle de ses concurrents.»