Pour se faire racheter par Dimension Data, NextiraOne a réalisé son PSE et se réorganise
NextiraOne a une longue histoire, parfois mouvementée, mais aujourd'hui l'intégrateur peut se tourner vers l'avenir c'est-à-dire son intégration dans le groupe DimensionData prévue pour juillet 2015. Depuis longtemps, ses offres d'intégration ont évolué, cette fois, NextiraOne veut bâtir ses propres offres en SaaS, à partir de son infrastructure, en particulier son réseau Wan Linker.
«La page est tournée » semble dire Philippe Hedde, le Pdg de NextiraOne France en référence au Plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) que l'entreprise a mené à bien. Mené en un temps record avec deux centrales syndicales. Cette rapidité montre aux yeux du Pdg la cohérence du plan. Le calendrier tient en trois dates : la signature d'un accord de méthode le 26 mars dernier (rédigé suivant la loi de sécurisation de l'emploi de juillet 2013), la signature du PSE le 13 juin par deux syndicats, CFDT et Unsa (accord dit majoritaire), un plan approuvé le 2 juillet par la Direccte (Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation du travail et de l'emploi).
Ce PSE tient surtout en deux chiffres. Celui des départs initialement prévus, 370, ramenés à 280 après de nouvelles discussion avec les deux syndicats signataires. A la clé, du temps partiel, des retraites, des négociations sur les RTT.
Mais les chiffres ne disent rien de la réalité sociale d'une entreprise. Surtout d'une entreprise comme NextiraOne qui mélange encore des compétences et des anciennetés issues évidemment d'Alcatel, mais aussi de Thomson, Opus, Telic et même Ericsson. Rien non plus de la réorganisation interne. Apparemment, l'essentiel des départs s'est produit dans les back office regroupés sur des pôles régionaux. L'entreprise a fait passer le taux d'intervention par ces back office de 62% à 85% en quatre ans, depuis l'arrivée de Philippe Hedde aux commandes.
Reconversions et recrutements
Le groupe a également procédé à quelques reconversions, mais ses profils très spécialisés ne peuvent tous suivre cette procédure, il va aussi reprendre les recrutements pour assurer ses développements dans de nouveaux marchés.
Pour les départs, le groupe a mis en place une procédure d'accompagnement qui lui est propre, distincte des procédures de Pôle Emploi. Huit managers régionaux mettant à profit leur connaissance des fournisseurs et partenaires pour trouver un job à certains partants. 80 au total. « NextiraOne a un vécu humain très particulier » note Philippe Hedde. Lui qui a misé sur l'apprentissage (110 actuellement), refuse les CDD et ne pratique que les CDI. Il est quand même passé par la case licenciements économiques. Indispensable pour apurer les comptes et pouvoir être racheté par Dimension Data (*).
Rappelons que cet intégrateur mondial, né en Afrique du sud et racheté par l'opérateur NTT, a repris le groupe NextiraOne fin 2013, sauf deux filiales, France et Italie, qui ne remplissant pas toutes les conditions pour cela (mais elles font 40% de l'activité, essentiellement par la filiale française). En clair, elles n'étaient pas assez rentables. Dimension Data a donné 18 mois à ces deux filiales pour trouver les moyens de s'intégrer. Un problème surtout important en France, la filiale étant 10 fois plus importante que l'italienne en termes d'effectifs. Si les dirigeants ne le disent pas aussi nettement, c'est bien une situation de sureffectif qui est en cause et le PSE a permis de les réduire et donc d'apporter un bol d'air finnacier.
Retrouver des vecteurs de croissance
La société souffrait d'un manque de rentabilité et d'une faiblesse d'activité. Le chiffre d'affaires baisse d'année en année : 316 ME en 2008, 299 en 2009, 297 en 2010, 288 en 2011, 274 en 2012, 249 en 2013. NextiraOne doit retrouver des vecteurs de croissance et se doter de nouvelles structures pour se relancer et présenter le meilleur visage possible à Dimension Data qui doit ou pas le racheter en juillet prochain.
La société a donc mis en place début septembre son offre « in the cloud » et une nouvelle division spécialisée sur le sujet. Il s'agit en fait du regroupement de quatre activités déjà en place : Wan, Linker, datacenter et virtualisation. Mais NextiraOne innove en lançant des offres en SaaS sous sa propre marque : easy conversation (téléphonie en SaaS sur une base Alcatel-Lucent), easy Contact pour le collaboratif, des offres en téléconférence. Le client peut les mettre dans son cloud ou passer par NextiraOne. La société profite également de son réseau d'interconnexion Wan, Linker, créé il y a deux ans (sur une base Contrail de Juniper). Un réseau avec des Pops partout en France, permettant à l'intégrateur de proposer des offres alternatives à celles des opérateurs.
SaaS, IaaS et services Wan
Sur cette base et avec ses capacités d'hébergement (chez Interxion, Télé2, CIV à Lille, CX à Nantes etc....), NextiraOne propose une offre de cloud computing. D'autres solutions vont être mises au point en SaaS. NextiraOne propose également du IaaS et des services Wan qu'il range dans cette division. Le signal est double, la société est à même d'aller vers le cloud (Dimension Data en fait de son côté un point fort) et sait s'adresser à sa fameuse base installée pour autre chose que des offres matérielles réseaux et télécoms. NextiraOne commence d'ailleurs à parler de SDN donc de dématérialisation des réseaux, il le fera pour ses infrastructures l'an prochain.
Autre aspect, de telles offres concernent l'opex, donc une manière différente de vendre. Le groupe est déjà préparé avec Lync, où il vend le service autour de la licence Microsoft.
(*) NextiraOne compte désormais 1 300 collaborateurs, 600 sur les solutions, 250 sur la maintenance et l'exploitation.