Portugal Telecom racheté par le brésilien Oi
C'est fait. Annoncé depuis des mois, le 1er rachat d'un opérateur européen par un acteur d'un pays émergent vient de se produire. Une affaire entre lusophones, Portugal Telecom va passer sous pavillon brésilien, celui du trop peu connu Oi.
Portugal Telecom était déjà actionnaire du brésilien Oi (l'ex opérateur historique local) à hauteur de 22,4%.Une opération initiée en 2010. Cette fois, le rapprochement va plus loin, sauf que c'est le brésilien qui rachète le portugais. Le projet a été annoncé le 2 octobre, il prendra forme au cours du 1er semestre 2014.
Le nouveau groupe, annonce les deux partenaires, va peser 5,6 milliards d'euros. Il sera basé au Brésil à Rio. C'est le patron actuel d'Oi, Zeinal Bava qui en sera le n°1. Les premières communications sont visiblement destinées aux actionnaires, les deux partenaires insistent par exemple sur les synergies créée par leur rapprochement, ils les évaluent à 1,8 milliard d'euros. Le nouveau groupe sera coté à la fois au Brésil et sur Nyse Euronext.
Deux opérateurs sont très endettés
La nouvelle société se nomme CorpCo. Oi va procéder à une augmentation de capital pour financer l'opération. Les actionnaires actuels de Portugal Telecom auront 38,1% du capital. Mais, comme les deux opérateurs sont très endettés, l'augmentation de capital pourrait servir d'abord au désendettement, ensuite à renforcer les positions au Brésil dans le secteur des mobiles.
Le n°2 brésilien du mobile, TIM, est détenu par Telecom Italia qui souhaite s'en défaire, Telecom Italia est lui-même passé sous le contrôle de Telefonica, également présent au Brésil ! On voit que la recomposition des télécoms européennes a une forte composante Europe du sud / Amérique latine, avec des acteurs endettés, ce qui ajoute au flou de ce paysage.
4ème dans les mobiles
L'opération Portugal Telecom / Oi est une action défensive, à la fois pour Portugal Telecom et pour Oi qui se retrouve 4ème sur son marché national pour les mobiles. En fixe, il a 41% du marché, mais en mobiles il n'en a que 18,6% et se retrouve derrière Telefonica, TIM Brésil et Claro (filiale du mexicain America Movil).
Le nouveau groupe réalisera les trois quarts de son activité au Brésil, même si Portugal Telecom apporte des bases installées dans d'anciennes colonnies portugaises : Angola et Namibie en Afrique, Timor Oriental en Asie, par exemple.
"L'envolée des titres des deux opérateurs reflète la perspective de synergies, qui ouvre un potentiel de hausse d'au moins 14% pour PT", estime Guido dos Santos, analyste chez Caixa Investment Bank, interrogé par Reuters. "Le Brésil est un immense marché avec un fort potentiel de croissance, ce qui légitimise la création d'une entreprise commune brésilienne."