Portugal Telecom lutte pour garder ses parts dans Vivo
Le Portugal est fermement opposé au rachat de l'opérateur brésilien Vivo par l'opérateur Telefonica. Les bénéfices de Vivo aide Portugal Telecom à survivre. Mais Telefonica ne compte pas abandonner et devient de plus en plus agressif puisqu'il vient de lancer une OPA inamicale.
(Source EuroTMT) Un vrai « coup de Jarnac » que personne n'avait vu venir. Telle a été la conclusion de l'assemblée générale extraordinaire des actionnaires de Portugal Telecom qui s'est tenue jeudi 30 juin pour se prononcer sur l'offre de rachat par Telefonica des 50% détenus par l'opérateur portugais dans le capital de l'opérateur mobile Vivo.
Malgré un vote largement favorable à l'offre de Telefonica, le gouvernement portugais a fait jouer sa golden-share pour mettre son veto à ce projet. Résultat des courses, non seulement Telefonica n'a pas avancé d'un pouce dans son projet d'acquérir le contrôle total de Vivo, mais sa position s'est brutalement fragilisée, lui qui paraissait, au début de son offensive, en position de force.
Pourtant, l'opérateur espagnol avait crû avoir tout bien fait pour prendre le contrôle total de Vivo. D'abord en maniant la carotte. Après une première offre, présentée début mai, de 5,7 milliards d'euros sous-évaluant manifestement Vivo, Telefonica avait porté son offre à 6,5 milliards d'euros puis l'avait encore augmentée, à la veille de l'assemblée générale des actionnaires de Portugal Telecom, à 7,15 milliards.
Puis en menaçant du bâton, le géant des télécoms européens avait menacé son petit concurrent ibérique d'une OPA inamicale si ses actionnaires rejetaient son offre ! Détenant déjà quelque 10% du capital, en partie revendus depuis le lancement de son offre sur Vivo, Telefonica semblait alors en position pour faire plier les dirigeants de Portugal Telecom.
D'autant que sa dernière proposition mettait tous les analystes d'accord. Elle valorisait Vivo à son véritable prix. Et, à la veille de l'assemblée générale, ...
Illustration : Assemblée Générale de Portugal Telecom suite à l'offre de rachat proposée par Telefonica, le 30 juin 2010 à Lisbonne (D.R.)
(Source EuroTMT) ...tous les commentaires étaient positifs. Il ne faisait guère plus de doutes que Telefonica allait obtenir un vote en sa faveur.
Et c'est ce qui s'est effectivement produit. Selon le communiqué de Portugal Telecom, les actionnaires se sont prononcés à 74% en faveur de l'offre et à 26% contre. Mais voilà, pour quelques grands actionnaires institutionnels de Portugal Telecom et l'Etat portugais, la participation de l'opérateur dans Vivo est une question de vie ou de mort.
En situation difficile sur son marché domestique en raison de la vive concurrence que lui livre le câblo-opérateur Zon dans le haut débit, Portugal Telecom s'en est jusqu'à présent sorti grâce aux excellentes performances commerciales et financières de Vivo, sa principale participation à l'étranger.
D'où la décision des pouvoirs publics lusitaniens d'utiliser l'arme atomique, à savoir le droit de veto attaché à sa golden-share. Seul problème, cette manoeuvre d'urgence risque de ne pas être du goût de la commission européenne, grande pourfendeuse des golden-shares détenues par les Etats membres dans le capital des ex-sociétés publiques.
Ainsi depuis le mois de décembre, le statut des golden-shares portugaises fait l'objet d'un examen de la part des autorités bruxelloises qui ont prévu de rendre leur décision le 8 juillet prochain. Une remise en cause des droits spéciaux détenus par le gouvernement portugais dans Portugal Telecom pourrait alors fournir des armes juridiques à Telefonica pour contester devant les tribunaux le veto étatique. Mais l'opérateur espagnol, qui se croyait en terrain quasiment conquis, sait maintenant que l'Etat portugais ne rendra pas les armes sans avoir tout fait pour protéger son opérateur domestique.