Plutôt que Bouygues Télécom, Orange viserait KPN et Proximus
Orange s'est renforcé en Espagne où il est n°2, il reste puissant en Pologne, mais absent du reste de l'Europe. De nombreuses hypothèses le voient se lancer dans la croissance externe, y compris en France, alors que Deutsche Telekom préfère miser sur le développement d'offres de cloud public sur toute l'Europe.
Si Bloomberg a déclenché un joli chahut en parlant d'un hypothétique projet de rachat de Bouygues Télécom et de TF1 par Orange, le Wall Street Journal a ouvert un autre front en évoquant des projets de rachat du hollandais KPN et du belge Proximus par l'opérateur dominant français. Si nos confrères américains sont aussi au fait c'est que ces rachats passent, entre autres, par des banques d'affaires américaines, un peu plus bavardes à l'égard des journalistes que leurs homologues européennes.
En fait, il s'agit de deux projets différents. D'un côté le vieux serpent de mer du sort de Bouygues Télécoms. Des discussions engagées avec Orange il y a 18 mois auraient repris, après la clôture des enchères pour la bande des 700 MHz. En clair, ces enchères ont permis à l'Etat d'empocher près de 3 milliards d'euros, ce qui était possible avec quatre opérateurs. Une fois ce dossier réglé, l'Etat va donner son feu vert à un rapprochement entre deux des quatre opérateurs. Selon nos confrères du Monde, Martin Bouygues souhaiterait être payé en actions d'Orange et devenir à plus de 20% du capital l'un des deux grands actionnaires avec l'Etat. Ce qui demande effectivement l'approbation des pouvoirs publics. Par le passé on a pu constater que Martin Bouygues pouvait obtenir des rendez-vous à l'Elysée. Il reste à savoir si cette hypothèse réjouit Orange ou pas. Son Pdg Stéphane Richard de même que le n°2 Ramon Fernandez sont des anciens de Bercy, respectivement ancien directeur de cabinet du ministre des finances et ancien directeur du Trésor, ils sont donc proches du vrai pouvoir.
Démenti sur Télécom Italia
Orange a également confié des mandats à des banques d'affaires pour déployer sa stratégie de croissance en Europe. Il reste à déterminer quelles seraient les hypothèses possibles et cohérentes pour les finances de l'opérateur français et pour sa stratégie. Le dossier Télécom Italia n'en ferait pas partie, Orange vient de démentir une nouvelle fois s'intéresser au sort de l'opérateur italien, où Vivendi est à plus de 20% et Xavier Niel, via une holding personnelle à plus de 10%.
Les autres hypothèses plus probables concernent l'opérateur historique hollandais KPN et le belge Proximus. Orange est très implanté en Pologne et en Espagne, deux terres de conquêtes historiques, il s'est renforcé en Espagne. Mais il s'est aussi retiré d'Angleterre où il avait une co-entreprise avec Deutsche Telekom (EE). Sachant que Orange et Deutsche Telekom ne s'affrontent pas sur leurs terres natales respectives et ont même une joint -venture pour leurs achats internationaux (Buyin), Orange doit forcément aller vers de petits pays pour son expansion européenne. Il peut aussi développer des offres, Deutsche Telekom et sa filiale T-Systems investissent dans plusieurs projets de cloud public à l'échelle européenne et veulent prendre le leadership sur tout le continent face à Google et Amazon. Une alternative intéressante à la croissance externe.
En photo : le projet de rachat de Bouygues Télécom par Orange remonte à 18 mois