Pertes d'identités : 89 millions de victimes
Alors que la Navy américaine annonce une fois de plus que près de 100 000 de ses soldats pourraient être victime d'un vol d'identité -nous insistons sur le conditionnel-, voici que le Privacy Rights dresse un recensement méticuleux de toutes les affaires de perte et vol d'identité survenues aux USA entre le 20 avril 2005 et le 10 juillet 2006. Au total, 88 931 692 personnes -et pas seulement des citoyens américains- seraient touchées par ce fléau... non compris un certain nombre d'accidents et de méfaits dont l'étendue des dégâts est « unknown ». On peut estimer que près de la moitié de ces pertes « au moins » sont classables dans la colonne des « vols prémédités à fins d'exploitation nuisibles ». En d'autres termes, près de l'équivalent de la population française devrait craindre les indélicatesses d'un escroc ou d'un fraudeur. Et ce ne sont là que des chiffres américano-américains... sans chercher à jouer les devins, on peut aisément estimer qu'en Europe, ce genre de risque concernerait au minimum 10 millions d'individus. Chiffre extrapolé des statistiques américaines, et corrigé des accidents exceptionnels en défalquant les 40 millions d'identité de l'incroyable affaire CardSystems. L'ampleur du phénomène est désormais trop importante pour que la recherche d'une solution et l'application de mesures de sécurité puisse encore relever des RSSI et des CSO en place, quelque soit le niveau d'engagement de ces derniers. Il semble nécessaire que l'alerte soit donnée par des politiques, que des associations de défenses du consommateur, des instances publiques prennent le relais. La généralisation des identités électroniques, le recours de plus en plus fréquent à des « richesses » d'informations privées, situation impliquant une nécessité urgente de protéger ces données avec des moyens techniques qui existent pourtant depuis fort longtemps. A commencer par le cryptage, mais également un respect de règles d'usage et de contrôle d'accès, des limites du périmètre de consultation des dites données... voir une contrainte légale de publication du moindre risque de perte, comme cela se passe en Californie. A l'heure actuelle, le Gouvernement tente de réduire la fracture sociale numérique avec un « PéCé/ADSL/Formation » à 1 euro par jour sur trois ans. Ce sont autant de « primo-informatisés » désarmés, autant de victimes potentielles encore plus vulnérables qui risquent encore de faire les frais de ce manque de politique de protection des fichiers d'identité qui affecte aussi la France. N'oublions pas que, chez les escrocs aussi, on préfère prélever sur la cassette des pauvres... ils sont tellement plus nombreux.