Patrick Drahi sous la contrainte des marchés financiers
Patrick Drahi vend une partie de ses actions détenues par sa holding personnelle dans Altice. Le groupe est sanctionné en bourse et a été l'objet de réactions négatives de la part de Goldman Sachs et de Moody's.
En 2016, Patrick Drahi devra tenir ses engagements. C'est-à-dire remonter du cash de toutes ses filiales où les coûts auront été réduits de manière drastique afin de régler son endettement. C'est ce qui est prévu, sa capacité à tenir ses engagements sera scrutée de près. Certaines de ses filiales comme SFR Numericable en France expliquent dans le même temps devoir investir dans leurs réseaux et s'acquittent par exemple de leur licence dans la nouvelle bande de fréquence. Tout cela est-il tenable ? Les grands investisseurs et la bourse ont clairement lancé des avertissements à Patrick Drahi et à son équipe de direction.
Depuis ses derniers achats, deux câblo-opérateurs américains en milieu d'année, SFR, Portugal Télécom et Virgin Télécom fin 2014, les conditions de marché ont changé. Le recours à des prêts financiers est moins facile. Deux autres facteurs interviennent, les doutes sur la capacité de remboursement du groupe et une affaire liée au désengagement de deux fonds américains.
Sur le même sujetTelecom Italia commence à plier face à l'offensive de Vincent BolloréDéfiance des marchés
Sur le premier point, lors d'une conférence de presse consacrée à SFR Numéricable, Dexter Goei, directeur général d'Altice n'avait pas caché que la dernière acquisition du groupe s'était passée différemment de ce qui était prévu. CableVision, le câblo-opérateur américain a couté 15,5 milliards d'euros à Altice qui avait prévu une levée de fonds obligataires pour 6,3 milliards d'euros, ramenée à 4,8 suite à la défiance des marchés. A la suite de ce rachat, Goldman Sachs publiait le 25 septembre une note où, sans s'inquiéter pour la viabilité du groupe, il demandait une pause dans les acquisitions. Tout de suite après cette note, la direction du groupe Altice parlait effectivement de pause, histoire de rassurer les marchés. Mais Moody's de son côté montait un cran au-dessus et abaissait la note de Numericable SFR au même niveau que celle d'Altice, c'est-à-dire « très spéculatif ».
Dernier épisode cette semaine
Ce double avertissement a marqué un coût d'arrêt, l'équipe de direction ne pouvant plus cacher être sous pression. Dernier épisode cette semaine, la holding personnelle de Patrick Drahi, Next a indiqué vouloir céder 81,2 millions d'actions de type « A » d'Altice, elles représentent 7,5% de son capital. Ces actions sont en fait prêtées à Goldman Sachs qui elle-même va les céder à des investisseurs. A l'issue de l'opération, Patrick Drahi conservera le contrôle d'Altice avec 61,4% des droits de vote.
Cette deuxième affaire trouve son origine dans le départ début 2014 de deux fonds américains, Cinven et Carlyle du capital d'Altice. Pour racheter leurs parts, Next, la holding de Patrick Drahi avait apporté des titres d'Altice en garantie pour ses emprunts. Comme ses titres baissent, du fait des doutes des marchés sur Altice, Goldman Sachs demande du cash pour compenser la baisse. Et Patrick Drahi est donc obligé de vendre des titres qui baissent pour rembourser son achat d'actions Altice. Une spirale qui n'est pas faite pour rassurer.
En illustration : L'agence Moody's abaisse SFR Numericable, tout comme Altice à « très spéculatif »