Patrick Bergougnou veut ressusciter Cirpack
Célèbre dans les années 90, spécialiste de la voix sur IP, la société Cirpack a mal supporté les atermoiements de ses actionnaires. Son nom a pourtant marqué le secteur des réseaux en France ce qui n'a pas échappé à son nouveau repreneur.
Cirpack renaît. Le constructeur télécom, qui connut son heure de gloire à la fin des années 90, était en perdition. En mars dernier, il a été racheté par Patrick Bergougnou, diplomé de Télécom Sud Paris. «La situation financière est assainie, explique celui-ci, et la croissance repart, modestement, mais nous comptons bien ne pas en rester là». Il faut dire que Cirpack ne part pas de rien. Il compte, parmi ses clients, une centaine d'opérateurs de réseaux fixes pour leur service de voix sur IP, tels que SFR, Numéricâble ou Free, en France, et une bonne base technologique.
Patrick Bergougnou annonce une stratégie fondée sur deux axes. D'abord élargir la couverture géographique internationale, limitée aujourd'hui à l'Allemagne et au Mexique, d'où l'industriel couvre l'Europe de l'Est et l'Amérique centrale. « Nos cibles sont le Moyen-Orient, où un bureau a déjà été ouvert à Beyrouth, l'Asie, pour la fin de cette année ou le début de la suivante, et l'Amérique du Sud». Le second axe vise l'élargissement du portefeuille de solutions, aujourd'hui cantonnées dans le fixe, pour englobler également les mobiles. Cette offensive s'appuiera sur la fourniture d'une plate-forme IMS, «clé en main», mais dont l'entreprise possède déjà plusieurs briques. « Un produit à la Cirpack, ajoute Patrick Bergougnou, c'est à dire très fiable, souple et très simple d'usage, permettant de nombreuses configurations. » Ce projet nécessite des investissements et le nouveau patron de Cirpack négocie avec BPI et il recherche des fonds d'investissements.
Champion des softswitchs
Depuis sa grande époque, Cirpack a connu plusieurs vicissitudes. Il est passé à l'IP, technologie en mode paquets, jugée moins coûteuse, plus souple et exploitant plus rationnellement les liens (multiplexage statistique). Cirpack réussit sa reconvertion et devient un champion de la voix sur IP avec ses commutateurs logiciels (softswitch). En 2004, Cirpack affiche une croissance de 120%. De quoi tenter Thomson qui rêve de constituer un grande pôle de communication professionnelle. Mais les difficultés s'accumulent. Le constructeur revoit ses ambitions à la baisse, fait le tri dans ses activités et, en 2009, devient Technicolor.
Là aussi des problèmes financiers surgissent et, sous la pression des investisseurs, il doit se recentrer sur son coeur de métier. Conséquence, en 2013, Technicolor revend pour 3 millions d'euros Cirpack, acquis près de 43 millions d'euros quasiment dix ans plus tôt, au groupe The Matland. Celui-ci, ne réussissant pas à l'intégrer dans son portefeuille d'activités, décide de le revendre, six mois après son acquisition. L'entreprise employait alors environ 70 salariés et réalisait un chiffre d'affaire de 14 millions d'euros. Et c'est là que Patrrick Bergougnou le rachète. Lui-même, ancien de Thomson, avait fondé, en 2010, Demetris, un cabinet de conseil en stratégie et en management, spécialisé dans le redressement et le développement d'entreprises en difficulté. Il suffisait de sauter le pas.