Passeport électronique, acte I, scène 1
Le passeport électronique est désormais officiellement institué, ainsi le prouve cette publication du décret sur Legifrance. Comme précisé dans le texte, le faciès de chaque individu sera désormais disponible sous format numérique, afin de mieux ficher les voyageurs. Hasard du calendrier, de l'autre côté du channel, les parlementaires britanniques se battent à propos du « couplage » des données liées d'une part à la carte d'identité biométrique nationale et d'autre part, à celles liées au passeport européen. Cet article du Register fait d'ailleurs remarquer en substance que plus la « preuve » d'inviolabilité d'une pièce d'identité semble vantée par les institutions, plus simple semble la fraude. En d'autres termes, la simple possession d'un « passeport biométrique » endormira la confiance des personnes chargées de leur contrôle... c'est là une quasi certitude. Ce qui risque également de devenir une quasi-certitude, hélas, c'est l'utilisation de ces données numérisées comme « élément de preuve d'identité » à part entière. Sans même que la présence physique du possesseur soit nécessaire. Le passeport biométrique n'est pas, en soi, une mauvaise chose, ce sont les dérives d'usage totalement prévisibles qui en feront un instrument dangereux. A commencer par le sentiment de fausse authenticité qu'apporte le côté numérique de la chose. Durant l'occupation, le maquillage d'Ausweiss s'opérait à coup de tampons gravés dans des pommes de terre. Le problème n'a pas changé, les failles n'ont pas disparu, ce sont simplement les pommes de terre qui ne sont plus les mêmes. La patatogravure contemporaine utilise des ordinateurs, le fonctionnaire chargé de vérifier l'information, lui, n'a pas changé. Il serait d'ailleurs totalement démagogique de rejeter sur cette personne la responsabilité du mauvais usage de la technologie, une technologie trop souvent considérée comme une panacée par les politiques.