Pas d'accès aux marchés publics britanniques pour Fujitsu
En plaçant Fujitsu sur sa liste noire, le gouvernement britannique exclut la firme de tous les appels d'offres du secteur public.
Le gouvernement britannique veut restreindre l'accès des marchés publics aux entreprises dont les performances sont insuffisantes. Pour cela, il aurait mis en place un système d'évaluation pour attribuer un niveau de risque aux entreprises qui répondent aux appels d'offres du secteur public et obtenir des contrats.
C'est dans le cadre de ce programme que Fujitsu aurait été inscrit sur une « liste noire » des marchés publics pour les futurs appels d'offres.
Selon des informations parues dans le Financial Times, le fabricant japonais, et un autre entrepreneur du secteur informatique dont le nom n'est pas mentionné, ont été classés à «haut risque» par le gouvernement britannique.
Pour l'instant, ni Fujitsu, ni le cabinet du Premier Ministre n'ont voulu commenter ces informations. La rédaction de notre confrère ComputerWorld UK, qui a déjà demandé des précisions sur cette liste noire de fournisseurs au nom du Freedom of Information Act, s'est vue refuser l'accès à ces informations au motif que des «intérêts commerciaux» étaient en jeu.
Des litiges en cours nuisent à Fujitsu
Fujitsu et l'administration britannique ont plusieurs en litiges en cours. Notamment, Fujitsu est en conflit avec le Ministère de la Santé pour son rôle dans le National Programme for IT, un plan d'informatisation très controversé, chiffré à 12 milliards de Livres Sterling. Le litige entre les contractants porte sur 700 millions de Livres. Le fabricant est également en conflit avec le Ministère du Travail et des Retraites, le Department for Work and Pensions (DWP), lequel a annulé un contrat de 330 millions de Livres sur six ans avec le fabricant.
Fujitsu est un fournisseur majeur de l'administration centrale, mais aussi des collectivités locales. Notamment, le fabricant postule pour le déploiement des futurs réseaux de communication, des appels d'offres qui représentent des centaines de millions de Livre d'argent public.
Photo : Bureau du Premier Ministre britannique à Londres (D.R)
La décision de mettre Fujitsu dans la catégorie «à haut risque» pour les contrats de l'administration centrale va certainement faire réfléchir les DSI et les CIO d'autres institutions du secteur public, en particulier ceux qui ont en charge les contrats de déploiement du haut débit au niveau des régions. Si bien que toute mesure visant à marginaliser Fujitsu pourrait favoriser davantage encore la domination de BT dans les appels d'offres pour le déploiement du haut débit au Royaume-Uni (Broadband Delivery UK - BDUK).
Une liste noire commune à tous les ministères
Au mois de juillet dernier, le cabinet du ministre Francis Maude, secrétaire d'État au Secrétariat du conseil des ministres et trésorier-payeur général du gouvernement de David Cameron, avait fait parvenir à tous les ministères une lettre détaillant les nouveaux processus d'inscription sur la liste noire des entreprises « à risque », celles dont les résultats avaient été jugés insatisfaisants dans le passé.
Cette lettre faisait suite à une réunion qui s'était tenue au mois de juin entre le ministre et les 20 principaux fournisseurs du gouvernement, au cours de laquelle il avait averti les fournisseurs que la performance serait surveillée pendant toute la période de soumission aux contrats publics.
Certains observateurs du secteur public avaient fait remarquer que la méthode de Francis Maude pourrait poser problème aux ministres, car elle pouvait décourager certains fournisseurs de travailler pour le secteur public, par crainte d'une mauvaise réputation, et sans aucune garantie d'obtenir des contrats.
Les fournisseurs qui travaillent pour le secteur public prennent des risques, car leurs déboires avec l'administration sont toujours très fortement médiatisés. Jusque-là, les fournisseurs n'étaient pas inquiets. Un accord tacite entre le gouvernement et le secteur privé laissait entendre qu'il y aurait toujours des contrats à prendre. Mais cette «liste noire» change la donne.