Parlons franchement : Que va faire Oracle de 95 % de Sun ?
Oracle est spécialisé dans le logiciel, qui ne représente que 5 % des ventes de Sun. Mais le reste ? Oracle peut choisir de s'en débarasser, ou de le réutiliser.
Oublions pour un temps les logiciels à naître du rapprochement Oracle-Sun. Oui, Oracle adore Java et Solaris (le middleware d'Oracle dépend de Java, et beaucoup de bases de données Oracle tournent sous Solaris). Et oui, Oracle assurera le support de MySQL. Quant à OpenOffice, VirtualBox et les autres logiciels de Sun ? On verra. Mais au final, tout cela ne représente que 5 % des ventes de Sun. Qu'en sera-t-il du matériel ? Que fera Oracle de la partie matériel de Sun ? Si vous êtes client de Sun, c'est probablement ce qui vous inquiète. Vous avez dépensé énormément en serveurs Sparcs, et peut-être en stockage, systèmes de bandes magnétiques et stations de travail. S'il s'avère qu'Oracle veut rester très centré sur le logiciel et se débarrasser au plus vite du matériel, vous aurez bientôt à prendre quelques décisions onéreuses. Bien évidemment, Oracle déclare prévoir de « développer le marché du matériel pour Sun... protégeant les investissements des clients de Sun et assurant une viabilité sur le long terme de ses produits », selon la liste de questions/réponses officielle d'Oracle sur le rachat. Le matériel n'est pas un marché attrayant Mais c'est un peu difficile à croire. Après tout, Oracle est une entreprise spécialisée dans le logiciel, et qui ne s'était jusqu'ici intéressé au matériel que très occasionnellement. En ce moment, le matériel n'est pas un marché attrayant : De faibles marges, une croissance lente, une compétition brutale. De plus, pourquoi Oracle voudrait-il garder et investir dans un marché le mettant en compétition directe avec HP, l'un de ses plus importants partenaires ? Mais une chose est sûre: Larry Ellison, le PDG d'Oracle, adore les appliances : « Oracle sera la seule entreprise capable de concevoir un système intégré - de l'application au disque - où toutes les composants fonctionnent ensemble pour que le client n'ait pas à s'en charger. » La plupart des analystes pensent que Oracle sera capable de fournir toutes les pièces dont les clients auraient besoin - comme IBM. Peu pensent qu'Oracle envisage de proposer un système de milieu de gamme facile à utiliser, incluant une base de données et des applications, proche de ce qu'avait été l'AS/400 - encore une fois comme IBM. Photo: Larry Ellison (IDG News Service) PeopleSoft-dans-un-boîtier Et si Oracle voulait vraiment fabriquer une appliance ? Non pas une appliance de base de données ou de stockage, comme les machines qu'ils avaient annoncée en même temps que HP à l'automne dernier, mais une véritable appliance d'application, basée sur Sparc, Solaris, Oracle et des applications logicielles, complètement intégrée, configurée et prête à l'emploi. En un mot, PeopleSoft-dans-un-boîtier. Un nouveau marché Aucun assemblage nécessaire. Un minimum de paramétrage possible. Mises à jour automatiques, gestion automatique, il suffirait de la mettre dans un placard. Voilà quelque chose qui pourrait ouvrir un tout nouveau marché pour Oracle : De plus petits clients seraient très heureux de payer un peu plus cher pour éviter d'avoir à assimiler les complexités des applications d'entreprises. Voilà qui pourrait permettre à Oracle de s'installer dans le marché du matériel en conservant les marges du marché du logiciel. Mieux encore, voilà qui ne rentrerait pas en compétition directe avec HP. Voilà aussi qui donnerait à Sparc et Solaris le volume suffisant pour justifier qu'Oracle conserve les serveurs traditionnels de Sun et autres centres informatiques. Larry Ellison a tous les éléments en main Oracle peut-il le faire ? Oracle va-t-il le faire ? Difficile à dire, mais Larry Ellison adore les appliances. Il a essayé d'en concevoir depuis de nombreuses années à l'aide de partenaires, avec un succès mitigé. Aujourd'hui il possède tous les éléments, matériel compris. Cette fois-ci, ça pourrait marcher.