Où Candide vint à chercher une édition de John the Ripper
... Après deux semaines de marche, Candide parvint aux limites des forêts sombres du Schwarzwald, au-delà des frontières de Germanie. Ses échanges épistolaires quotidiens avec Melle Cunégonde étaient la source de tout son courage, et un jour sans lettre eu probablement sonné l'heure du trépas de ce vaillant jeune homme. Un lointain cousin de Monsieur Thunder-Ten-Tronckh leur avait offert le gite, le couvert et l'accès ADSL WiFi, détails forts importants lorsque l'on se souvient que l'ordinateur portable de Monsieur Pangloss ne disposait que d'une unique interface sans fil. Las, Monsieur Pangloss était absent ce matin là, et Candide s'enquit auprès de son hôte, Herr Von Vögelsang, s'il ne pouvait lui fournir outil permettant d'outrepasser les sécurités protégeant les archives de Monsieur Pangloss. - Aber, mein lieber Candide, ne savez vous point que l'Empereur a fait voter un Oukase interdisant ce genre de pratique ? Ceci afin d'éviter que des malandrins puissent employer des armes et pratiquer ce que nous appellons, en notre germaine langue, des actes de Hacking ? Il insistait, en prononçant ce mot étrange, sur le « H » aspiré comme seuls les enfants d'Outre Rhin savent le faire. En outre, poursuivi l'hôte, étant Grand Margrave de la province de Bade, j'ai mission de faire respecter les Oukases impériaux, et serais bien en peine si je devais vous jeter en prison - Je me garderais bien de violer vos lois et vos usages, répondit Candide. Mais mon coeur ne peut attendre les lettres de Mademoiselle Cunégonde, et je vous assure que récupérer le mot de passe de Monsieur Pangloss n'a d'autre motivation. Jamais je n'envisagerais le moindre acte répréhensible ou immoral - Nein, c'est Nein, Candide. Seul l'Empereur a le droit d'utiliser ces outils. D'ailleurs, il ne s'en prive pas. Comme le faisait remarquer un immigré Russe répondant au nom étrange de Dancho Danchev, le Saint Empereur et son cabinet noir, ont récupéré et compilé près de 22 millions de cartes de crédit appartenant à ses sujets, afin de pourchasser les sorcières ayant commerce avec le diable et sorciers achetant en ligne des images pédophiles. -Voilà une sage initiative, qui montre combien une bonne police peut protéger ses enfants - Gar nicht, du Dummerkopf, car il est apparu que les cartes utilisées étaient des cartes volées... on ne part pas attaquer une malle-poste avec ses propres chevaux, voyons. Quel imbécile pourrait commettre une telle erreur ? Hormis, peut-être, dans une de ces pièces légères que l'on joue à Sans Soucis. - Et les gens d'Arme de l'Empereur n'y avaient pas pensé ? - Leider... ce sont des gens d'Arme, pas des élèves de Maitre Pangloss - Qu'a donc ensuite décidé Sa Majesté ? Probablement une armé de crieurs publics afin d'avertir la gente Teutonne, j'imagine - Pas exactement. L'Empereur et ses Ministres ont décidé de renforcer les Oukases interdisant l'usage des outils de Hacking (en disant cela, l'aspirations de son « H » fit autant de bruit que la Tramontane dans les monts du Ventoux) -Pourriez vous alors, maitre Von Vogelsang, m'en expliquer la raison ? car la nature d'un malandrin est précisément de ne pas respecter la loi, et, Oukase ou non, il cherchera à employer ces programmes servant à casser mots de passe et autres messages chiffrés. Cela me rappelle une disposition du Grand Mogol, qui, conseillé par un Général podagre et chenu, avait formellement banni de son royaume les outils de chiffrement, considérant que seuls les méchants hommes avaient quelque chose à cacher. Toujours conseillé par ce vieux Général Manchou, il fit, par la suite, promulguer une loi semblable à celle de l'Empereur de Germanie. Il la nomma « Loi Chinoise pour l'Estrapade des Nerds ». Depuis, les professeurs d'Art Martiaux Informatiques n'ont plus de droit de posséder le moindre nuchaku binaire ou le plus petit katana logiciel. Ce dont n'ont cure les malandrins des grands chemins conduisant en Cybérie. - Il en ira probablement de même ici en Germanie. Et comme le pense Danchev, puisque les citoyens ne peuvent posséder d'armes de défense numérique, et que seuls les méchants hommes seront susceptibles d''en avoir, il sera nécessaire que les gens d'arme puissent glisser leurs propres outils d'espionnage dans les ordinateurs qui leur paraitront suspect. Et l'on reparle alors des Oukases associés, qui, l'on s'en doute, ordonneront formellement aux éditeurs de programme de protection de ne jamais signaler la présence d'un espionniciel Impérial. Je suis impatient de voir comment des sages, tels que ceux de Symantec, vont réagir face à de telles dispositions, eux qui s'étaient enorgueilli de ne pas avoir à dénoncer la présence d'un « magic lantern », puis qui se sont récusés par la suite... - Maitre Von Vogelsang, notre hôte bien aimé, consentirez vous à répondre à une ultime question ? - Je vous écoute, Candide - Qui donc conseille l'Empereur en matière de sécurité informatique ? - Vous devenez bien insolent, jeune Candide