Ordinateurs et téléphones empoisonnés
Nos confrères de PCInpact reviennent sur le rapport Greenpeace traitant de la pollution provoquée par les composants chimiques trouvés dans les ordinateurs. Le constat de l'organisation écologiste est absolument affligeant -et sans surprise-. Sans surprise également les constructeurs et équipementiers contestent ces chiffres et expliquent qu'ils mettent en place des filières de recyclage destinées à leurs clients... une façon comme une autre de ne pas admettre que, filière ou pas filière, les machines en question sont polluantes. L'une des premières entreprises à avoir commercialisé un ordinateur prétendu « vert » fut IBM. C'était il y a plus de 15 ans, et l'on parlait déjà de « recyclage » des composants. Mais lorsque l'on demandait aux responsables de production s'ils pouvaient décrire les phases de retraitement des bains d'acide utilisés pour la fabrication des circuits imprimés, expliquer comment le lithium des piles, le tantale des condensateurs, le plomb des soudures étaient récupérés, la réponse était invariablement « mais ces opérations sont sous-traitées, nous n'avons pas d'information à ce sujet ». Inutile de préciser que les concurrents d'alors possédaient encore moins de réponses. Depuis cette époque, il faut admettre que bon nombre de composants dangereux ont disparu des cartes mères. Les condensateurs polarisés (tantales ou chimiques) se font rares, la soudure est garantie à très faible teneur en plomb (ou dépourvue de plomb, mais tout de même chargée d'étain), les bains d'électrolyse ou de gravure sont de plus en plus étroitement surveillés, l'on n'utilise plus de PCB dans les transformateurs et condensateurs chimiques, et les dissipateurs de chaleur traités à l'oxyde de Béryllium ont quasiment disparu. En revanche, l'on assiste à une très nette augmentation du volume de déchets comportant des métaux lourds, augmentation liée notamment à la croissance de la population informatisée, à la baisse des prix des ordinateurs portables et à la multiplication des accumulateurs en découlant. Portables dont les composants chimiques des écrans plats ne sont pas non plus dénués de toxicité, contrairement à ce que semble sous-entendre le porte-parole d'Apple cité par nos confrères. Cadmium, nickel, mercure et autres métaux polluants issus des accumulateurs font pencher la balance du mauvais côté du bilan écologique. Un décompte identique pourrait être conduit sur le secteur des télécoms... combien de batteries de téléphones portables finissent-t-elles chaque jour dans une décharge publique ? Une chose est certaine, un vieux Toshiba ou un Thinkpad laissé à l'abandon rejette dans la nature plus de plomb et autres éléments toxiques -sans compter les matériaux non biodégradables- qu'un siècle d'utilisation de véhicule 4x4 diesel en ville. Le dernier numéro de Science et Avenir consacre 6 pleines pages à la question. Selon nos confrères, sur 13 Kg de déchets électroniques -moyenne annuelle française par individu-, seuls 2 Kg sont recyclés. Sur un million d'ordinateurs réformés en France chaque année, 100 000 seulement sont traités par une filière de recyclage. Les équipements dits de « mobilité » (téléphones, PDA...) voient leurs composants et surtout connecteurs de plus en plus « allégés » dans le but non avoué de les voir tomber en panne dans un délai d'un ou deux ans... histoire d'entretenir le marché. Preuve en est, il est quasiment impossible de trouver une compagnie d'assurance acceptant, à des tarifs décents, de couvrir les frais liés aux pannes électroniques passé une période de 300 ou 600 jours. Les oxydations de contact elles-même ne sont plus prises en compte par les SAV des opérateurs de téléphonie. Mais ce gaspillage insupportable est justifié par les profits d'une poignée d'opérateurs pour qui, campagnes de « sponsoring publicitaire » mises à part, ne savent pas encore épeler correctement les premières syllabes du mot écologie ou conjuguer sans faire de fautes la phrase « je respecte l'environnement ».