Orange veut se démarquer des autres incubateurs
De grands groupes internationaux, Huawei, Cisco, Nokia rencontrent le président français ou son 1er ministre pour annoncer le développement de leur R&D dans l'hexagone et accompagner les start-ups françaises. Leurs homologues issus du secteur public, La Poste, EDF, Orange, sont dans la même veine, le secteur financier, avec BNP Paribas et Allianz a également annoncé des programmes de financement et d'accompagnement.
« Pour une start-up mieux vaut un million de clients qu'un million d'euros, un million d'euros n'a jamais fait un million de clients », lance Pascal Latouche (en photo), directeur de l'Orange Fab France. Une start-up doit commercialiser, c'est l'intérêt commun des deux entreprises et du client final. Financer et accompagner, comme tout le monde le fait, ne suffit pas, Orange veut avant tout nouer un accord à but commercial entre une business unit interne et une start-up pour apporter un produit. « On est dans la co-production et la co-innovation pour nos clients » souligne Mari-Noëlle Jego Laveissière, Directrice Exécutive de la division Innovation, Marketing et Technologies d'Orange.
Sur le même sujetOrange pousse la fibre dans les métropoles et défie Numericable-SFRPas de «câlinothérapie » pour l'incubateur d'Orange, « Je parle cash » explique Pascal Latouche, ce que soulignent les start-ups passées entre ses mains, par exemple Jack Habra, le patron de Reminiz, dont le projet a été retenu pendant la saison 2. A raison de trois réunions par semaine, Pascal Latouche fait passer les start-ups de 175 candidates à 6 sélectionnées pour le programme 2015. Un seul critère, que le partenariat soit possible avec une équipe interne. « Ce n'est pas de la communication, de l'image, ou un sentiment altruiste qui nous animent, nous voulons nouer une histoire positive pour les start-ups, pour nous et pour nos clients », remarque Mari-Noëlle Jego Laveissière.
Les 6 start-ups sélectionnées
Orange Fab France présentait ce matin sa nouvelle sélection. Lucie Labs, lancée par deux anciens de Texas Instrument, propose par exemple un bracelet connecté pour les participants aux grandes manifestations, dans les stades et les concerts. Relié à une plateforme en SaaS, il permet à l'utilisateur de payer et à l'organisateur de repérer où il se rend et les services qu'il utilise le plus. Dans le domaine de la santé, C2S veut prévenir les chutes des personnes âgées. Au lieu du bracelet, qu'elles délaissent, il propose des caméras avec des algorithmes qui permettent dans les centres spécialisés de repérer les chutes et d'entrer en conversation avec la personne à terre.
Avec Jacare Technologies (prononcer jacaré, avec un « é »), l'idée est de rendre la publicité sur les affichages publics moins oppressante, par un système de reconnaissance des informations comportementales, qui permet de les analyser en temps réel et d'en tirer des conclusion en termes d'audiences et de ciblage. Studdiz propose de créer des modules sur des réseaux professionnels (de grandes écoles et d'entreprises) afin de permettre à tout un chacun de lancer sa communauté autour d'une filière conjuguant une formation supérieure et une entreprise. Famoco crée un lecteur universel sous Android, pour déployer des solutions à base d'objets connectés. De nombreux cas d'utilisation existent déjà. Des femmes de ménage peuvent badger à l'aéroport de Madrid avec un bracelet Famoco. Au Sri Lanka, l'équivalent d'une carte Navigo permet de payer son trajet dans les transports en commun et d'être admis dans certains lieux. Afristream, enfin, lance une solution de VOD par abonnement spécialisée sur la culture africaine. Le CTO, Ludovic Bostral vient de M6 où il a développé de nombreux sites du groupe. Afristream s'adresse aux africains vivants en France, à tous les passionnés de cette culture et aux habitants d'un continent où Orange est particulièrement bien implanté.
Objectif : mailler le territoire
Les start-ups passées par Orange Fab France sont très orientées vers l'international. Jack Habra de Reminiz a pu se rendre grâce aux moyens et au réseau d'Orange à Tokyo et au Mobile World Congress. A Barcelone, c'était en compagnie de Stéphane Richard et d'Emmanuel Macron, « plus facile pour rencontrer des CEO » note Jack Habra. Pour autant, Orange Fab se développe aussi en région, le maillage du territoire est un nouvel objectif, 20% des start-ups examinées lors de la saison 1 était situées en dehors de l'île-de-France, 30% l'an passé, le chiffre va monter d'année en année, l'opérateur étant très présent auprès des collectivités locales et des entreprises locales.
Dans le plan Essentiels2020, présenté par Stéphane Richard, le 17 mars dernier, l'opérateur se fixe pour objectif d'accompagner 500 start-ups à l'issue du plan. En janvier, il avait lancé Orange Digital Venture, un fonds spécialisé. Ses Fab Lab sont implantés non seulement en France, mais à San Francisco, en Pologne, en Israël, en Côte d'Ivoire et en Asie (Corée du sud, japon, Taîwan). Une activité importante pour l'opérateur, mais ses grands homologues européens développent aussi leurs propres incubateurs : Telefonica avec Wayra et Deutsche Telekom qui a Hubraum.