Orange obligé de vendre Dailymotion à un français (MàJ)
Après les réunions extraordinaires de leurs conseils d'administration, Vivendi et Orange sont entrés en négociation exclusive. Vivendi reprendra 80% de la filiale d'Orange, Dailymotion, pour 217 millions d'euros, l'opérateur télécoms gardant 20%.

Orange voulaitt vendre Dailymotion, après Yahoo, Microsoft, Canal+, Fimalac, un hongkongais PCCW semblait favori. Sauf que le gouvernement français a obligé Orange à revenir à un prétendant européen et de préférence français.
En tournée en Asie il y a un mois, Stéphane Richard, Pdg d'Orange, semblait avoir bouclé la vente de sa filiale Dailymotion. L'heureux élu se nommait PCCW, un conglomérat présent entre autres dans les télécoms, il ouvrait les portes de l'Asie à l'opérateur français et rêvait de faire de Dailymotion un géant mondial. Emmanuel Macron, ministre français de l'économie a émis un avis contraire, estimant que Dailymotion devait rester européen. L'Etat disposant de 25% du capital d'Orange, l'opérateur français a changé son fusil d'épaule. Lundi 6 avril, le groupe de Hong Kong entérinait son retrait par un communiqué qui fait reposer toute la responsabilité de l'échec sur le gouvernement français.
Dans le même temps, le groupe Vivendi, repris en main par Vincent Bolloré avec une forte stratégie centrée sur l'audiovisuel se manifeste. Cette fois c'est la holding Vivendi et non plus sa filiale Canal+ qui intervient. Une offre qui valorise Dailymotion à 265 millions d'euros pour 128 millions de pages vues par mois.
Une bonne affaire pour Bolloré
Pour le groupe Vivendi et Vincent Bolloré c'est une très bonne affaire au sens industriel. Pour Orange, la vente est enfin conclue, mais l'opérateur a laissé dans cette affaire des forces et a montré depuis deux ans qu'il n'était rien sur ce type de dossier sans la volonté de l'Etat.
"Je pense que cela fait beaucoup de sens pour nous, comme pour Microsoft d'ailleurs, d'aboutir à un accord qui sera avant tout industriel", avait lancé Stéphane Richard il y a un an, à Barcelone lors du Mobile World Congress en parlant d'une vente à Microsoft. Quelques mois auparavant, Arnaud Monte-bourg, le vibrionnant ministre de l'industrie bloquait la vente à Yahoo. Les Etats-Unis étant le 1er marché pour Dailymotion, Orange voulait vendre à un américain. Ensuite, l'opérateur s'est tourné vers l'Asie, marché d'avenir. Les deux fois l'Etat l'a bloqué. Ce qui est symptomatique c'est que le blocage soit le fait de deux ministres aux options à priori différentes.
Dans le cas d'Emmanuel Macron, pèse aussi un climat politique où il faut donner des gages à l'aile gauche de la majorité. Très médiatique, le dossier Dailymotion est un bon exemple. L'Etat intervient et sait s'imposer aux entreprises où il est le 1er actionnaire. On n'oubliera pas non plus que le n°2 d'Orange est depuis près d'un an Ramon Fernandez, ancien directeur du Trésor.