Orange cherche comment intégrer Cloudwatt dans sa stratégie cloud
Depuis plusieurs années, comme ses homologues, Orange travaille sur le cloud computing, par les offres, le renouvellement de ses datacenters et la création de filiales. Une stratégie qui se veut cohérente, sauf que l'opérateur garde une épine dans le pied : Cloudwatt.
Confirmé ce matin par un communiqué de presse de l'opérateur, l'information de notre confrère Channel News est logique : Orange monte au capital de Cloudwatt, dont il va détenir la totalité des parts, 100%. Jusqu'alors il devait partager ce capital avec Thales (22,2%) et la caisse des Dépôts (33,3%). Un mouvement initié par la stratégie dite de « cloud souverain » qui a donné naissance à un autre acteur, Numergy, détenu par SFR et Bull et toujours la Caisse des dépôts. Dassault, qui devait initialement conduire le projet de cloud souverain (projet Andromède) avant de claquer la porte, a lancé une autre société, Outscale. Bref, le concept de cloud souverain, parti sur de bonnes intentions, porté par la méfiance qu'engendre en France et en Europe l'affaire de la NSA patine. C'est surtout le cas de Cloudwatt, Numergy a su créer une infrastructure et a obtenu des résultats commerciaux.
En prenant le contrôle total de Cloudwatt, Orange va assumer la totalité du risque financier et surtout le rapprocher de ses propres structures dans le cloud computing. Elles se sont multipliées ces derniers mois. L'an passé, sa branche entreprise, Orange business services a lancé pas moins de deux filiales : Orange application for business et Orange cloud for business. La première se concentre sur les applicatifs, en particulier dans trois secteurs verticaux : santé, transports, smartcities. Elle est managée par Béatrice Felder, connue pour avoir dirigé les activités MtoM de l'opérateur. La seconde, Orange cloud for business est dédiée à l'IaaS, elle est sous la responsabilité de Philippe Laplane. Orange a également créé une business unit spécialisée dans la défense : Orange cyber défense, après le rachat d'un acteur spécialisé, Atheos. Une entité forte de 400 experts, destinée à conforter les positions du groupe en matIère de cloud et de sécurité ;
Les services internes clients de la DSI
Derrière ces structures, l'opérateur a lancé deux grands chantiers. Le premier consiste à moderniser ses datacenters existants ou bien à en créer un nouveau. C'est le cas à Val de Rueil en Normandie, où il a créé un datacenter de nouvelle génération. Parallèlement, le groupe décline une stratégie où ses propres services internes passent au cloud computing, donc deviennent clients de sa DSI et servent ensuite de vitrine aux équipes commerciales pour montrer le savoir-faire et les équipements d'Orange et les convaincre de ses capacités dans le cloud. Ce dernier sert aussi dans les pays où Orange n'est pas ou peu implanté, pour se développer plus rapidement en particulier pour les DSI des grands clients locaux.
Cette stratégie et cette logique que l'opérateur a définies et appliquées se heurtent au cas Cloudwatt. Sollicité, donc obligé par les pouvoirs publics de devenir opérateur d'un cloud souverain, Orange est entraîné dans l'aventure Cloudwatt, elle a mal tourné. Contrairement à Numergy qui s'est appuyé d'entrée sur les technologies de SFR et de Bull, Cloudwat a voulu débuter avec OpenStack ce qui a nécessité un temps de développement long et une absence de résultats commerciaux. Orange a tiré un trait sur cette période en remplaçant Patrick Starck le Pdg de départ, mais aujourd'hui il passe à un nouvel épisode, en prenant le contrôle total du cloud souverain. Il reste à l'intégrer dans les nombreuses structures du groupe dédiées au cloud computing et à rendre le tout lisible à l'extérieur.