Orange Business Services à la recherche de son second souffle

le 22/07/2010, par EuroTMT, Opérateurs/FAI, 938 mots

Orange Business Services, l'entité dédiée aux entreprises de France Télécom, manque de reconnaissance de la part de la direction générale de l'opérateur historique. OBS représente 16% de l'activité du groupe. Cette filiale pâtit d'une concurrence de plus en plus rude.

Orange Business Services à la recherche de son second souffle

(Source EuroTMT) Lors de la présentation à la presse du plan Conquête 2015, Stéphane Richard, directeur général de France Télécom, n'a presque pas évoqué les activités d'Orange Business Services, la filiale dédiée aux services aux entreprises.

Hormis quelques allusions au Cloud Computing et au développement des réseaux, OBS apparait comme le parent pauvre de ce programme de reconquête. Il est vrai que son portefeuille est moins glamour et donc moins vendeur auprès des investisseurs et des journalistes que celui de la téléphonie mobile, avec l'iPhone et autre 4G, ou même de la fibre optique pour les particuliers qui promet de la VOD (Vidéo à la demande) et du streaming tous azimuts.

Cette discrétion des nouveaux dirigeants de France Télécom est peut être donc liée à leur méconnaissance des activités d'OBS. A moins qu'ils ne se demandent ce qu'ils doivent faire de cette entité. Car depuis quelques mois, certaines voix s'interrogent sur l'avenir d'OBS au sein du groupe.

Né en 2006 d'un assemblage d'entités internes et d'acquisitions, à savoir Equant (opérateur télécoms international), Transpac (fleuron X25 du groupe qui a pris beaucoup de temps à migrer vers IP), Groupe Diwan et Silicomp (intégrateur), Orange Business Services est pourtant une entité conséquente. Il emploie plus de 20 000 personnes à travers le monde et a réalisé en 2009, un chiffre d'affaires de 7,6 milliards d'euros ce qui a représenté plus de 16 % du chiffre d'affaires du groupe France Télécom.

Ses marchés sont très vastes et du fait de son histoire sont assez hétérogènes. Si l'on y retrouve tout naturellement, les activités liées directement aux télécommunications, OBS opère aussi sur le marché de la télé-santé, de la domotique, des services informatiques et donc maintenant du Cloud Computing.

Certes, on peut objecter que ces secteurs ont un lien avec le métier d'origine de France Télécom. La télé-santé et la domotique recourent aux objets connectés, qui nécessitent par exemple l'usage de cartes SIM ; le Cloud Computing s'appuie sur les réseaux à très haut débit et les services informatiques intègrent de plus en plus de solutions de communication.

Par ailleurs, tant que la croissance était au rendez-vous, cette diversité était plutôt bien vue. N'y a-t-il pas eu des rumeurs sur un possible rachat de Cap Gemini par France Telecom ? Mais aujourd'hui, les services aux entreprises vont mal.

Au premier trimestre 2010, le chiffre d'affaires a chuté de 7 % par rapport à la même période de 2009. Malgré certains éléments conjoncturels tel que le report de projets, on peut douter d'une ...

Illustration : Vivek Badrinath, récemment nommé directeur exécutif d'Orange Business Services en remplacement de Barbara Dalibard, partie à la direction de la SNCF (Droits : JG)



(Source EuroTMT) ... vraie reprise en 2010. Car la richesse du portefeuille est difficile à gérer et oblige OBS à multiplier ses ressources afin de faire face à la concurrence.

Pour s'en rendre compte, il suffit d aller piocher dans le document de référence annuel 2009, de plus de 500 pages, dans lequel France Télécom recense ses différents adversaires sur le marché des entreprises. Parmi eux figurent SFR Business Team, les opérateurs alternatifs de la boucle locale à l'exemple de Numéricâble-Completel, de Colt, les opérateurs de services globaux tels que BT, AT&T, Verizon, les opérateurs des pays émergents dont Reliance ou encore Tata Communication, les opérateurs nationaux, les intégrateurs de réseaux avec Nextira One ou Spie Communication ou de systèmes comme IBM Global Services, HP, Atos Origin et enfin « les acteurs issus du monde de l'Internet qui se positionnent auprès des entreprises en leur proposant des services de VoIP ou des solutions en mode Cloud Computing, comme Amazon ou Salesforce » !

On comprend que pour l'opérateur français, la tâche est rude alors que les entreprises ont réduit leurs investissements, que certains concurrents n'hésitent pas à faire du dumping et qu'il faut revoir les marges à la baisse pour rester compétitif.

L'affaiblissement de France Télécom sur le marché de l'entreprise se fait surtout sentir au niveau des PME. Certes l'opérateur historique détient une énorme part de marché en France sur ce secteur. Mais peu à peu ses positions se voient combattues au profit de ses concurrents comme SFR qui a restructuré l'offre de Neuf Cegetel ou Bouygues Télécom qui se positionne avec succès sur certaines niches. Sans compter les opérateurs locaux qui connaissent bien les entreprises régionales ou même un acteur comme Hub Télécom qui aujourd'hui cherche des relais de croissance hors des plateformes aéroportuaires.

De nombreuses PME à la recherche de solutions de données telles que les communications unifiées, la mise en place d'IPBX, s'étonnent que France Télécom ne réponde pas à leur appel d'offre ou ne cherche pas à être concurrentielle. « On a l'impression que la société a vraiment été atteinte dans son fonctionnement en 2009 et que les commerciaux peinent à reprendre le rythme » explique le dirigeant d'une société de transport.

Les analystes reconnaissent que les turbulences qui ont touché la société l'année dernière et le départ de la figure emblématique d'OBS, à savoir Barbara Dalibard, ont eu un impact sur l'activité de la branche entreprise. Mais aujourd'hui, ils sont plus optimistes à l'image d'Henri Tcheng de BearingPoint, qui considère que sous la houlette de son nouveau patron, Vivek Badrinath, OBS est maintenant en ordre de marche pour redevenir profitable.

Avant cela, il faudra sans doute que l'activité économique mondiale, et notamment celle de la vieille Europe, redémarre, mais aussi peut être que France Télécom allège son portefeuille professionnel pour, non pas se positionner partout, mais cibler les vrais marchés en croissance. 

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