Oracle : « Nous sommes très brillants, ou alors idiots »

le 16/10/2009, par Olivier RAFAL, Infrastructure, 837 mots

Lors de la conférence utilisateurs d'Oracle, son PDG Larry Ellison justifie le rachat de Sun. Il s'agit de croître et de se différencier. Larry Ellison entend simplifier la tâche d'intégration entre ses logiciels et ses matériels.

Oracle : « Nous sommes très brillants, ou alors idiots »

Alors que tout le monde s'est mis à acheter des sociétés de service, pourquoi Oracle a-t-il décidé d'acquérir un constructeur de serveurs ? A l'occasion d'Openworld, la conférence utilisateurs Oracle à San Francisco, son patron et fondateur Larry Ellison a accordé une heure et demie de questions/réponses aux analystes financiers. L'essentiel de la discussion a tourné autour du rachat de Sun, qui semble décidément inquiéter les gens de la finance. « De deux choses l'une, soit on est vraiment brillant, soit on est complètement idiot » a répondu Larry Ellison. Selon lui, Oracle avait besoin de se différencier des Dell, IBM, HP et consorts. « Nous devions trouver une stratégie où nous ne serions pas des suiveurs. On ne peut pas être le 7e à venir sur un marché et en prendre la tête. » Larry Ellison a donc voulu suivre la maxime de Steve Jobs, a-t-il expliqué : penser différemment. « Nous voulons stocker vos données, dans nos bases de données, sur nos serveurs, et rester un fournisseur de technologies. » Le fait que nombre de grands acteurs privilégient le marché des services à celui du matériel ne trouble pas le patron d'Oracle. « Apple est dans le hardware, et ça ne va pas trop mal pour eux. Mon ami John Chambers [patron de Cisco, NDLR] ne va pas mal non plus. » Au contraire, Larry Ellison estime que le marché du matériel est le seul qui permettra à Oracle de croître : « On avait besoin d'un marché de plusieurs milliards de dollars pour continuer notre croissance. » Et dans la mesure où il s'agit d'un « marché adjacent » à celui que fréquentait déjà Oracle, Larry Ellison pense pouvoir y réussir en très peu de temps : « Vous découvrirez très vite que nous pouvons piloter cette activité de façon très, très profitable. » Un mot est revenu très souvent dans la bouche de Larry Ellison : Exadata. Le patron d'Oracle voit dans cette « database machine » l'alpha et l'oméga de toute sa stratégie pour les quelques années à venir. Exadata est, rappelons-le, un rack de serveurs de bases de données et de stockage, existant selon plusieurs dimensionnements. Photo : Larry Ellison, PDG charismatique et fondateur d'Oracle (D.R.) D'abord conçue avec du matériel HP, elle repose bien évidemment désormais sur du matériel Sun. « D'une certaine façon, nous avons conçu Exadata par frustration », a indiqué Larry Ellison, en racontant la genèse du produit. Agacés de voir des bancs d'essais remportés par des solutions de Teradata, les gens d'Oracle ont multiplié les interventions pour optimiser les systèmes testés par les prospects. « Et nous avons gagné les benchmarks, mais c'était impossible de configurer toutes les machines à chaque fois. » Oracle a donc établi des listes de certifications « que les clients ne lisaient pas ». « Nous en sommes venus à la conclusion que les clients seraient mieux servis si nous concevions l'ensemble des éléments. » Selon Larry Ellison, cette façon de faire résout le même problème auquel IBM et les autres s'attaquent en rachetant des sociétés de service. « Sauf que là où les autres achètent des intégrateurs, nous faisons de l'intégration au niveau de l'ingénierie. » Exadata a donc vocation à faire des petits, selon les marchés ciblés par Oracle - et où Sun dispose d'une forte présence. « Vous verrez des Exadata pour les applications Fusion, pour la facturation des télécoms, pour la gestion des points de vente... » Dans tous les cas, l'intégration doit être faite par le fournisseur, insiste Larry Ellison. « Nous pensons avoir raison, nous verrons. » Le patron d'Oracle en a profité pour réitérer son soutien aux diverses technologies de Sun, à commencer par les processeurs Sparc. A un analyste qui lui faisait remarquer que naguère, il prônait la standardisation du matériel sur du x86/x64, Larry Ellison a répondu sans se démonter que le marché de la conception de processeurs ne devrait pas se résumer au seul Intel, et que les clients aimaient avoir le choix pour des besoins différents. Il compte donc proposer, pour au moins les 5 ans à venir, « deux avenues », le couple Sparc/Solaris d'un côté, le couple x86/Linux de l'autre. Côté MySQL, Larry Ellison juge que la base Open Source est « complémentaire, et pas du tout concurrente » de la base Oracle, et qu'il s'agit d'une activité qui doit être profitable. Idem pour OpenOffice : « Chez Oracle, nous aimons que tout soit profitable, et ajoute quelque chose au résultat final. Les contributions de MySQL ou d'OpenOffice ne seront pas énormes, mais stratégiquement elles sont très importantes. » Et d'ajouter qu'il croit aussi dans les technologies de virtualisation ou de client léger de Sun. L'important pour Larry Ellison semble en effet de garder un pied dans des marchés de ce type, même s'il y est un petit acteur. Le patron d'Oracle a ainsi évoqué la progression fulgurante d'Oracle dans le middleware : « On était en septième position il y a peu de temps, et devinez qui est numéro un aujourd'hui ? »

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