Opérateurs télécoms historiques : la France, l'Espagne et l'Italie en baisse en 2013
Souhaitée par la Commission européenne, annoncée par tous les cabinets d'études, la recomposition du secteur des opérateurs télécoms se prépare en Europe. Trop d'acteurs sont en concurrence dans un marché qui réclame des investissements massifs sur le long terme, en particulier sur la fibre optique et la 4G.
Les opérateurs historiques des quatre grands pays de l'Europe continentale, Allemagne, Espagne, France, Italie, viennent de publier leurs résultats financiers 2013. Des chiffres intéressants, c'est autour de ces acteurs que s'est effectuée l'évolution récente des télécoms en Europe, mais les derniers résultats montrent des situations très différentes. Si Deutsche Telekom (D.T.) augmente son chiffre d'affaires, Orange est en baisse, Télécom Italia et Telefonica également, dans des proportions plus fortes.
L'opérateur allemand est en meilleure position que ses homologues. Avec 60,13 milliards d'euros, son chiffre d'affaires a progressé de 3,4%. Au lieu d'une perte de 5,35 milliards d'euros comme en 2012, le groupe affiche un bénéfice net de 930 millions d'euros. Il précise toutefois que la perte de l'exercice précédent était due à des circonstances exceptionnelles, des charges de dépréciation pour la fusion entre sa filiale américaine T-Mobile US et Metro PCS.
Priorité aux Etats-Unis pour D.T.
C'est toujours des Etats-Unis que viennent ses principales préoccupations. Après avoir perdu 2 millions d'abonnés outre-atlantique en 2012, il en a gagné 2,1 millions en 2013. Il décide donc d'investir dans l'acquisition d'abonnés et dans la couverture réseau. Toujours aux Etats-Unis, il cède 5,6 milliards d'obligations et doit payer des intérêts correspondants. Enfin, la restructuration de sa filiale T-Systems pèse sur les résultats.
Pour sa part, Orange se situe à 40,98 milliards d'euros de chiffre d'affaires, en baisse de 5,8%. Le bénéfice net en revanche a pratiquement doublé à 2,13 milliards d'euros contre 1,1 sur l'exercice précédent. L'opérateur attribue l'essentiel de la baisse de son CA, 40%, aux mesures de régulation, hors régulation cette baisse serait de 2,6%. L'argument de la régulation figure également dans les communiqués financiers de SFR. Le CA d'Orange baisse surtout en Europe et sur le marché des entreprises (-5,3%).
Réduction des coûts chez Orange
La réduction des coûts, 929 millions d'euros dont 798 en France, a fortement contribué à améliorer ces résultats fait valoir l'opérateur historique français. Il concède une baisse de 11,5% de son revenu par abonné pour les services mobiles en 2013. Cette réduction des coûts se poursuivra en 2014, « tout en restant attentif à la qualité du dialogue social dans l'entreprise » a tenu à souligner Stéphane Richard, Pdg de l'opérateur. Son mandat arrive à échéance fin juin, le Conseil d'administration du 23 mars prochain devrait décider de son maintien ou non à son poste.
La concurrence amplifiée par le lancement de Free Mobile début 2012 fait sentir ses effets dévastateurs, la possible réduction du nombre d'opérateurs sera-t-elle à même de rétablir les marges des opérateurs ? C'est leur souhait et ceux du gouvernement français. Les activités d'Orange en France sont en effet en baisse et plombent le groupe. Les revenus des services mobiles baissent de 10,3% à 8,35 milliards d'euros.
CA en baisse, bénéfice en hausse pour Telefonica
Plus au sud, les opérateurs historiques souffrent beaucoup plus. C'est le cas de Telefonica très implanté en Amérique latine et en Europe. L'opérateur historique espagnol annonce un chiffre d'affaires annuel 2013 de 57,1 milliards d'euros, en baisse de 8,5% par rapport à celui de 2012. Le bénéfice net en revanche bondit de 16,9% à 4,6 milliards. Telefonica compte sur deux activités, celles réalisées en Amérique latine qui progresse de 9,6% et celle due à la data mobile à +9,3%. Le groupe s'est réorganisé pour alléger et simplifier ses structures.
Quant à Télécom Italia, son chiffre d'affaires est en baisse de 9,1% à 23,4 milliards d'euros sur 2013. Le bénéfice avant impôts, lui, progresse de 59% à 2,7 milliards. La perte nette se réduit, passant de 1,6 milliard à 674 millions d'euros sur 2013. Sans charge de dépréciation (2,2 milliards), l'opérateur aurait réalisé un bénéfice net de 1,5 milliard d'euros. Toutefois, il doit faire état de deux points noirs. L'endettement, même réduit de 1,4 milliard se monte à 26,8 milliards. De plus, cette année ne verra aucun versement de dividende.
Les quatre opérateurs ne se préparent pas à la recomposition avec les mêmes assises financières. Celles de Telecom Italia paraissent particulièrement fragiles. Ces opérateurs ont subi une régulation asymétrique destinée à leur faire perdre des parts de marché afin qu'émerge une concurrence avec des tarifs et des services nouveaux. L'effet a peut-être été trop violent, pénalisant lourdement ces opérateurs historiques.