Numericable dévoile, enfin, son plan pour intégrer SFR
Interconnexion, marché entreprise, fibre optique, marques, distribution : Numericable détaille son projet de rapprochement avec SFR. Après Bouygues, Free et Arnaud Montebourg, le câblo-opérateur s'offre un nouvel adversaire : Orange.
Patrick Drahi PDG d'Altice (en photo) a mené ce matin sa première conférence de presse en France depuis 7 ans ! Accompagné d'Eric Denoyer, Pdg de Numericable, il a donné un peu plus de précisions sur son projet industriel :
. La branche entreprises
Les dirigeants actuels de SFR Business Team, la branche entreprises de l'opérateur, ne seront guère rassurés. Patrick Drahi a en effet lancé « SFR n'a pas bougé depuis trois ans dans le secteur entreprises ». SFR est actuellement entre 11 et 12% de parts de marché sur ce segment et stagne, Completel serait entre 8 et 9%, il était à 3 ou 4 il y a 5/6 ans. Ensemble, ils font 20%, l'objectif est d'arriver à 30% avec un adversaire, Orange qui s'offre 70%. La progression se fera par croissance interne ou externe.
Sur le même sujetRachat de SFR : le dossier Altice-Numericable a paru plus clair à VivendiPour atteindre ses objectifs, la société Numericable-SFR va doubler ou tripler son investissement, elle compte également « redéployer » les équipes commerciales. Ce qui ne signifie pas des diminutions, mais au contraire des embauches. Completel compte 150 commerciaux sur ce marché entreprises, SFR 250, 400 au total, il en faudrait 600. Le nouveau groupe devrait donc embaucher rapidement 200 commerciaux grands comptes. Patrick Drahi explique que les doublons seront effacés, les deux équipes chassant actuellement sur les mêmes terres, pour aller conquérir des parts de marché sur Orange.
Le marché des entreprises remarque encore Patrick Drahi se situe entre 6,5 et 7 milliards d'euros par an en France. Il y a 4/5 ans en arrière, ce marché était à 50/50 entre la voix et la data, il bascule de plus en plus en faveur de la data. Une remarque qui signifie que ce marché a un passé et de vieux acteurs, un avenir et de nouveaux prétendants, en particulier le duo Numericable-SFR. Toutefois, il n'a pas dévoilé d'offres nouvelles mais parié sur les investissements dans les réseaux et la dynamisation des équipes commerciales pour prendre des parts de marché à Orange. Ce qui sous-entend une concurrence plus vive sur le marché des entreprises., bien plus figé que celui des particuliers.
. Les marques et la distribution
Numericable va disparaître dans le grand public en tant que marque au profit de SFR. Rien n'est arrêté pour le secteur entreprises. Les 140 boutiques que compte Numericable vont être rebaptisées SFR. Surtout, les deux parcs de boutiques, celles venues de SFR (Espaces SFR) comme celles venues de Numericable vont vendre les deux offres. Donc pas de réduction de l'infrastructure de distribution, mais vente de toutes les offres dans ce réseau.
. La simplification des offres
C'est le seul point que Patrick Drahi avait déjà abordé, il le confirme. Le nouveau groupe va simplifier de manière drastique les offres proposées par SFR sur l'ensemble de ses marchés. Glissant au passage que les acquisitions passées de SFR n'ont pas été totalement intégrées.
Le nouveau groupe va mieux vendre sur les zones où il est implanté, avec des investissements dans le Très haut débit pour attirer le consommateur. A partir de là, il se fait fort de dégager de la marge. Selon Patrick Drahi, Numericable avec ses offres Très haut débit affiche un Arpu de 41 euros, 3 de plus que les offres concurrentes FTTH qui sont à 38 euros.
. Interconnexion et fibre optique
L'interconnexion est le maître mot du projet de reprise. SFR est dans le longue distance, Numericable dans la boucle locale, simplifie Patrick Drahi (SFR a quand même une structure pour déployer les réseaux fibre optique dans les collectivités locales). Il faut rapprocher les deux réseaux qui se complètent bien. Même si, remarque Eric Denoyer après les centraux d'Orange, SFR n'est qu'en DSL alors que Numericable est en fibre optique. Ils se retrouvent d'ailleurs souvent dans les centraux d'Orange ce qui fait doublon. Bref, le nouveau groupe devrait éviter les doublons et les doubles investissements et poursuivre le déploiement de la fibre optique.
Au passage, Eric Denoyer épingle tous ceux qui critiquent le câble et Euro Docsis sa norme Très haut débit. C'est pour lui la meilleure en termes de débit et de qualité. Le groupe compte atteindre 12 millions de foyers en Très haut débit en 2017, il en veut 15 en 2020. Pour l'heure il en compte 9, SFR 1 à 1,5, le passage à 12 est donc à portée de main. Numericable-SFR sera également à même de fournir des capacités réseau à d'autres opérateurs comme il le fait déjà.
Perfides, les deux dirigeants font remarquer que, selon l'Arcep, Numericable est n°1 du Très haut débit en France, devant Bouygues Télécom... qui emprunte le réseau de Numericable.
. Les systèmes d'information
C'est encore le flou, mais ce dossier décisif et ultra confidentiel va décider de l'avenir de la future fusion. Le rapprochement des systèmes d'informations, globaux (comptabilité, RH etc ...) et surtout commerciaux rendra la fusion opérationnelle et réussie ou pas.
. Les régulateurs
Les dirigeants de Numericable prévoient d'adresser leur dossier à l'Autorité de la concurrence, dès la signature de la vente réalisée, ce qui devrait être fait avant le délai de trois semaines et cette fin mars.
Une étape qui leur paraît simple, l'autre étant celle des instances représentatives du personnel.
. Les synergies
Elles sont de l'ordre d'un milliard d'euros. Sur le marché de l'entreprise, elles seront faibles, 145 millions d'euros, pour un marché de 6 à 7 milliards. Côté grand public, Patrick Drahi vise 210 ME de synergies en transférant 20 à 30% des clients SFR DSL sur le réseau Numericable, en leur offrant les offres Numericable plus rémunératrices et en organisant une meilleure conquête commerciale. Pour la partie réseaux, la simple optimisation des réseaux de collecte SFR sur le réseau de Numéricable, des réseaux DSL et le déploiement de la fibre devraient entraîner 95 ME de synergies.
D'autres mesures plus classiques seront prises : optimisation des achats, réduction des frais de marketing avec une seule marque, simplification des offres et des process. Ce châpitre rapporte la bagatelle de 280 ME.
Ces quatre points, représentent un total de 730 ME d'Ebitda. Il faut leur ajouter 375 ME de synergies en capex : 90 ME sur le grand public, 160 pour les réseaux et enfin, 125 sur la dernière partie (achats marketing, SI). C'est bien un milliard d'euro de synergies qui sont ciblées.