Nouveau suicide chez France Télécom
France Télécom connaît son 7ème suicide en moins de six mois malgré la création de structures destinées à prévenir la souffrance au travail. Les victimes seraient toutes des techniciens reconvertis après la suppression ou la sous-traitance de leur activité.
La série noire se poursuit chez France Télécom. Le 2 juillet dernier, un technicien d'un des centres d'appels de l'opérateur situé dans le Nord de la France mettait fin à ses jours. Selon le syndicat Sud PTT, il s'agirait du septième suicide depuis février 2008, les victimes étant toutes des techniciens reconvertis après la suppression ou la sous-traitance de leur activité. « Jean-Michel était un ancien technicien dont le site de Bercenay-en-Othe a été fortement restructuré. France Télécom avait annoncé la fermeture du site, puis déployé une grande partie du personnel sur les plateaux de Troyes : '1016' et 'Orange'. Au final, le site a été maintenu, mais avec une équipe réduite. Jean-Michel s'est ensuite retrouvé du jour au lendemain transféré sur le plateau du centre client Orange de Troyes. Il a laissé des lettres à sa famille et à une déléguée syndicale où il déclare avoir baissé les bras, déplore Sud dans un communiqué. L'ensemble des organisations syndicales de France Télécom demande la tenue d'un Comité national d'hygiène de sécurité et des conditions de travail (CNHSCT) extraordinaire, au plus tard en septembre, sur les risques psychosociaux. Reconnaissant que la transformation engagée depuis plusieurs années pouvait générer des situations difficiles pour certains salariés, la direction de France Télécom avait pourtant pris les devants en créant des cellules d'écoute en 2007. Après 9 mois de fonctionnement, 101 salariés ont saisi ces cellules, et 65 ont été signalés par leurs médecins, managers ou représentants. Sud indique que la moitié d'entre eux ont plus de 50 ans. Le CNHSCT considère que ces structures ne peuvent pas faire de mal en soi, mais qu'elles ne répondent qu'à des situations individuelles. Le comité estime que vouloir traiter le stress uniquement par ce type de structures, c'est, d'une certaine façon, ne vouloir aborder le stress que du point de vue de la victime, pas du point de vue de l'organisation du travail. Toujours selon le comité, cette pratique permet « d'instiller le message de l'entreprise dans le psychisme des personnes fragilisées et de renforcer l'individualisme dans lequel sont englués les salariés ».