Nokia pourrait licencier dans les services support d'Alcatel-Lucent en France
Après la pommade, le supplice. Lors de l'annonce du rachat d'Alcatel-Lucent par Nokia, le recrutement de 500 chercheurs était mis en avant. Dans une interview au Monde, Rajeev Suri le CEO de Nokia parle également de « rééquilibrer les effectifs ».
Mi-avril, le rachat d'Alcatel-Lucent par Nokia était présenté de manière évidemment favorable en France. On sait que le gouvernement français a donné très tôt son aval à l'opération. Selon nos confrères de Challenges, Paris a négocié avec Washington pour que la partie défense d'Alcatel-Lucent (issue de Lucent) ne soit pas comprise dans l'accord. L'Intersyndicale était reçue le 22 avril par Alexis Kohler, directeur de cabinet d'Emmanuel Macron. Il précisait que Nokia devait signer une lettre d'engagement auprès du gouvernement français sur les 500 créations de postes dans la R&D promises en France. Méfiante, l'Intersyndicale demandait d'avoir accès aux documents échangés entre Nokia et Bercy, afin de vérifier la réalité des engagements pris par le finlandais.
Sur le même sujetPour ses adieux, John Chambers rend hommage à la France !L'Intersyndicale craignait aussi des externalisations, en particulier de l'activité 4G d'Alcatel-Lucent. Elle voulait que le gouvernement s'engage pour favoriser l'implantation du centre de R&D en 5G de Nokia en France et, toujours dans l'hexagone, des précisions sur celle de la direction recherche et innovation de Nokia. A noter, qu'en parallèle, le syndicat des ingénieurs de Nokia en Finlande, s'est lui aussi inquiété des conséquences sur l'emploi du rapprochement. Pour sa part c'est évidemment l'emploi en Finlande, où le groupe compte plus de 6 000 salariés, qui inquiète.
Garder le même effectif
Aujourd'hui, dans une interview au Monde, Rajeev Suri précise les chiffres. Alcatel-Lucent doit garder le même nombre de salariés, 4 200, en application du plan Shift de Michel Combes. On comprend que, si 500 chercheurs sont bien recrutés, il faudra que le même effectif quitte le groupe. Et ce serait dans les fonctions support en France.
Deux autres sujets irritent l'intersyndicale. Le premier est l'avenir de la filiale câbles sous-marins, Alcatel-Lucent Submarine Networks. Michel Combes évoquait soit une mise en bourse, soit une vente. Alexis Kohler a précisé que ce serait une vente mais à un partenaire français. Deuxième sujet, l'avenir de Michel Combes. Après des rumeurs, Challenges a affirmé qu'il rejoindrait la holding d'Altice à Genève dès la mi-août pour s'occuper de rachats en Europe. Michel Combes lui-même a calmé les choses, refusant de confirmer cette information mardi soir devant la commission économique de l'Assemblée nationale. Il se consacrera jusqu'au bout au rachat, la possibilité de son départ ayant suscité un tollé en interne. Et l'exaspération des pouvoirs publics très impliqués sur ce dossier.
En illustration : Rajeev Suri (à gauche) aux côtés de Michel Combes lors de l'annonce du rachat d'Alcatel-Lucent par Nokia.