Nokia / Microsoft : 2) comment Microsoft peut-il se rattraper dans les mobiles ?
Le deal à peine annoncé entre Nokia et Microsoft, les cabinets d'études se précipitent pour évaluer les chances de Microsoft sur ce marché. L'éditeur peut désormais associer un OS, des terminaux et beaucoup plus encore. Des éléments suffisants pour redorer son blason sur la mobilité et contrer Apple-iOS et Google-Android.
Plusieurs cabinets de consultants ont analysé la stratégie de Microsoft dans le mobiles, une fois signée la séparation de corps avec Nokia. Si les commentaires sévères ne manquent pas, les chances de Microsoft ne sont pas négligeables. Mais à certaines conditions.
Pour le cabinet Analysys Mason par exemple, « la plus grande opportunité pour Microsoft est dans les non-smartphones, donc en dehors des Lumia de Nokia. 45,5% des ventes d'appareils mobiles Nokia se font en Chine, au Moyen-Orient et en Afrique ou en Amérique latine en 2012 ». Avec des mobiles de base. C'est donc dans les pays émergents, en connectant un milliard d'individus encore sans terminal mobile que Microsoft trouvera son avenir dans cette activité. Sans oublier, remarque IDC, de capter les utilisateurs de mobiles de base qui vont, dans ces mêmes pays passer aux smartphones.
Deuxième prédiction positive, celle de l'Ovum, qui fait la liste des atouts de Microsoft sur ce marché : « Microsoft présente un avantage certain sur ses concurrents dans ce vaste champ de bataille, en particulier dans les jeux (via Xbox), dans les services croisés entre consommateurs et entreprises telles que la VoIP (Skype) et dans la facilité d'intégration de Windows Phone avec sa propre suite office 365. En outre, nous ne devons pas oublier son énorme base installée mondiale de PC. »
Concurrencer Apple et Google
Il faudra tout de même un effort considérable à Microsoft pour venir concurrencer Apple et Google. Ovum estime que si la part de marché de l'éditeur arrivait à 15% dans les trois ou quatre prochaines années, il deviendra un compétiteur et ne sera plus un suiveur. Microsoft étant selon ce cabinet le mieux armé pour réussir à long terme sur ce marché de la mobilité.
IDC relève en effet que les obstacles ne sont pas minces pour s'imposer. Les mésaventures respectives de Nokia et de Microsoft permettent d'en savoir un peu plus. Les fabricants excellent dans la conception du matériel et le design, mais ils ont encore plus besoin de l'expérience utilisateur et des offres de services et de contenus. Elles sont très exigeantes sur ce secteur. En plus pour réussir, notamment sur les smartphones, il faut prendre des clients aux concurrents ce qui exige d'énormes investissements. Nokia n'avait pas les ressources suffisantes et a jeté l'éponge, ses derniers Lumia étaient très bien conçus, remportaient des récompenses, ce qui était insuffisant pour percer sérieusement sur ce marché.
Les chances des différents compétiteurs tiennent aussi à leur vitesse d'exécution. Et IDC remarque que Nokia et Microsoft n'évoluaient pas tout à fait à la même vitesse. Depuis l'accord signé en 2011 entre les deux protagonistes, Nokia a répondu à la demande en lançant rapidement plusieurs appareils sous Windows Phone, alors que Microsoft a eu du retard à l'allumage pour les développements de son OS par rapport à ses concurrents. L'éditeur n'a pas su attirer des développeurs ou des utilisateurs sur son OS comme l'ont fait Apple et Samsung qui écrasent le marché. Microsoft saura-t-il se corriger ?
Le soutien des opérateurs
Dernière remarque, c'est bien Nokia qui a fait le succès, même modeste de Windows Phone avec le soutien des opérateurs qui aimeraient une alternative au duopole Android-iOS. Ces mêmes opérateurs devraient donc logiquement soutenir maintenant Microsoft toujours dans le but d'avoir cette alternative.
Dans les 12 prochains mois, note Analysys Mason, l'activité issue de Nokia ne devrait pas être bouleversée chez Microsoft du moins en termes de feuille de route produits. 12 mois c'est justement le temps qui reste à Steve Ballmer pour laisser son poste à son successeur et intégrer les équipes issues de Nokia. « Microsoft a maintenant réalisé qu'il ne serait pas possible de réussir sans contrôle de la chaîne de valeur », note Francisco Jeronimo d'IDC (en photo).