Net neutralité : Deutsche Telekom, Orange et Telefonica blanchis par Bruxelles
Les fournisseurs de contenus comme YouTube et Netflix achètent généralement la connectivité des entreprises comme Cogent pour assurer leur trafic internet mondial. Les opérateurs de réseaux comme Cogent ont des liens avec les opérateurs télécoms et ils échangent du trafic avec eux dans des accords de peering.
Une enquête de la Commission européenne a été menée afin de déterminer si trois opérateurs de télécommunications ont restreint le trafic Internet dans le but de gagner un avantage sur leurs rivaux. Elle a tournée à l'avantage de ces opérateurs. Il s'agit des tout puissants Deutsche Telekom, Orange et Telefonica. L'un des plaignants, l'américain Cogent se plaint amèrement du verdict émis par la Commission.
L'enquête menée à l'encontre de Deutsche Telekom, Telefonica et Orange par la Commission a souli-gné les inquiétudes nées au sujet de la neutralité du net et l'ouverture de l'Internet en Europe. Les opérateurs de télécommunications visés ont été soupçonnés d'étranglement du trafic haut débit quand il entre sur leurs réseaux. Et même d'une détérioration de la qualité de service pour les utilisateurs finaux. Toutefois, la Commission n'a trouvé aucune preuve que les opérateurs concurrents de ces trois mastodontes soient exclus des marchés, que ce soit celui soit du marché de l'Internet de transit ou de celui des contenus. Pour elle, il n'y a pas eu violation des règles de concurrence de l'Union Européenne.
Des raids surprises
L'enquête est basée sur une sonde réseau et des raids surprises menés sur les opérateurs de télécommunications au mois de juillet dernier. Ceux-ci venaient après une plainte élaborée par l'opérateur de réseau américain Cogent Communications, qui a déposé ses griefs devant la Commission, avec d'autres opérateurs de backbone Internet, dont le nom est resté caché. Cogent menant au contraire une campagne de communication autour de ses griefs.
«Nous sommes déçus», a déclaré le PDG de Cogent Dave Schaeffer (en photo), pour qui Cogent et d'autres opérateurs connaissent encore un accès limité aux réseaux des trois opérateurs historiques européens. «Il y avait sans doute une pression politique de trois grands opérateurs. Je suis sûr que cela a pesé sur la décision. Les faits montrent clairement qu'ils ont abusé de leurs pouvoirs et porté préjudice à leurs clients. Ils ont vraiment limité la capacité des consommateurs à accéder à Internet», a déclaré Dave Schaeffer.
Congestion set pertes de paquets
Cependant, Cogent estime que les opérateurs télécoms européens refusent d'augmenter le nombre de ports aux points de peering, ce qui entraîne des congestions, des pertes de paquets, de mauvaises connexions et l'augmentation des temps de maintien. Et au lieu de mettre à niveau les connexions, les opérateurs télécoms cherchent à établir un lien direct avec des acteurs comme Netflix, au détriment de sociétés comme Cogent. Netflix a déjà signé des contrats de ce type aux États-Unis
Ces connexions directes, à un prix plus élevé pour les opérateurs historiques, permettraient d'améliorer la qualité du service pour les utilisateurs finaux. Mais cela signifie aussi que l'opérateur est payé deux fois pour offrir le service, une fois par sa propre clientèle et une fois par les fournisseurs de contenus, selon Dave Scheffer.
Le patron de Cogent met désormais tous ses espoirs dans la nouvelle Commission, qui va entrer en fonction le 1er novembre et pourrait réexaminer la question de la neutralité du net. Le Parlement européen a été très clair dans son soutien sur ce sujet.