Neo Télécoms, redressé et convoité
Rescapé de l'explosion de la bulle Internet, Neo Télécoms est l'un des tous derniers opérateurs de fibre optique indépendant. Florian du Boys co-repreneur et Directeur Général, revient sur la stratégie et les perspectives de l'opérateur.
R&T : Qui est Neo Telecoms ? Florian du Boys : Neo Telecoms est issu des activités d'Abovenet (ex-Metromedia Fiber Network) un opérateur de fibre noire. En 2002, victime de l'explosion de la bulle Internet, Abovenet a décidé de se recentrer sur les US et de se retirer du marché Européen. Malgré un bilan catastrophique et une dette de plus de 3 millions d'euros, Didier Soucheyre et moi même, alors salariés de la société, avons décidé de reprendre Abovenet France dans le cadre d'un MBO (Management Buy Out). En janvier 2003, nous avons relancé l'activité sous le nom de Neo Telecoms. Nous avons réduit les coûts et rééquilibré les comptes. Nous avons exploité et commercialisé le réseau déployé par Abovenet (environ 100 km de fibre optique sur Paris). Aujourd'hui, nous réalisons un chiffre d'affaires de 7 millions d'euros (2006) en croissance annuelle de 40% depuis 2003 et surtout, nous dégageons plus de 1,5 million de résultat net. Depuis l'année dernière, nous reprenons les déploiements optiques dans certains quartiers d'affaires. A la différence d'un Erenis ou d'un Free, nous ne faisons pas de FTTH. Notre objectif n'est pas de poper les immeubles résidentiels. Nous nous focalisons sur les grands comptes dans les zones denses d'activités parisiennes (Opéra, La Défense, Courbevoie...). . Nous avons conservé le modèle économique de la fibre noire, mais nous prolongeons nos services par de l'hébergement et l'intégration de solution de multiplexage CWDM et DWDM pour aider nos clients à accroître leurs capacité de débit entre les sites raccordés. Dans le domaine de l'hébergement, nous sommes présents chez Telecity Redbus, Globalswitch ou Ixeurope avec plus de 1000 m² de salle machine exploités. R&T : Quels sont les besoins de vos clients ? Vos références ? FdB : Il y a encore peu de temps, les besoins de nos clients se limitaient au gigabit Ethernet. Maintenant, ils utilisent nos infrastructure pour du 10 giga, voire du 40 giga. Les besoins en bande passante sont exponentiels. Par exemple, Groupama Asset Management nous a retenu dans le cadre d'un Plan de Continuité d'Activité. Nous arrivons en double adduction sur leur bâtiment central à Paris et les raccordons à la salle de secours que nous leur fournissons sur un data center de Clichy. Dans le cas de Business Objects, nous avons fourni et intégré les équipements de multiplexage CWDM pour que le client puisse allumer 6 longueurs d'onde de différents protocoles sur une même paire de fibre entre trois sites distincts. S'ils passaient par un opérateur télécom classique, ils seraient obligés de louer plusieurs liens distincts pour faire passer du Fiber Channel et de l'Ethernet. Nos solutions d'intégration sont simples et peu onéreuses. R&T : A louer de la fibre nue, n'allez vous pas rapidement arriver à saturation ? FdB : Dans l'euphorie de la bulle, Abovenet a un peu eu la folie des grandeurs et a déployé des câbles de grandes capacités. Nous disposons de 432 voire 864 fibres par câbles. Nous avons une centaine de clients actifs. Nous pouvons donc en absorber bien plus ! Actuellement, le taux de remplissage approche les 30%. R&T : Vous reprenez les déploiements ? FdB : Oui, nous augmentons la couverture sur certaines zones très ciblées, comme les Champs Elysées. Au total, Neo Telecoms investi environ 1 Millions d'Euros par an pour upgrader l'ensemble de son outil de production. R&T : Il n'a donc plus de surcapacité en fibre optique ? FdB : Interoute ou Colt redéploient... nous sommes à mon sens en situation de sous capacité. Je vais faire une analogie avec les data centers. Depuis 2006, ils sont tous pleins et ils ont augmenté leurs prix de 20 à 30%. Auparavant, leur business venait des opérateurs ; il vient dorénavant des grandes entreprises. Aujourd'hui, quasiment tous les raccordements que nous effectuons sont pour de grandes entreprises. R&T : Avec un tel bilan et une certaine euphorie sur la fibre optique, vous devez attirer les convoitises ! FdB : Oui, le sujet de la fibre optique tant pour le raccordement des particuliers que des entreprises intéresse beaucoup de monde. Un éventuel rachat n'est pas à l'ordre du jour, mais c'est un sujet récurrent et pas seulement de la part des opérateurs nationaux. Pas mal d'étrangers s'intéressent au marché Français qui est particulièrement dynamique...