MWC : pour l'Europe, la 5G est vitale
À peine la 4G est-elle installée que, déjà, on parle de 5G, la Commission européenne venant de lancer officiellement le projet 5G-PPP. Certes, elle ne devrait voir le jour qu'en 2020, mais dans un monde régi par une concurrence féroce, sept ans d'attente sont bien longs.
« C'est probablement l'événement le plus important du salon », a déclaré hier (lundi 24) Neelie Kroes, vice-présidente de la Commission européenne, lors du Mobile World Congress qui se tient à Barcelone cette semaine. Elle faisait référence au lancement officiel du 5G-PPP (Public-Private Partnership), une initiative européenne. Celui-ci s'appuie sur un financement de 1,4 milliard de d'euros, une moitié provenant du secteur public (la Commission européenne) et l'autre du secteur privé. Les premiers travaux du 5G-PPP ont en fait commencé à la fin de l'année dernière. Ce consortium succède à un autre, nommé METIS (Mobile and wireless communications Enablers for the Twenty-twenty Information Society), lancé fin 2012 à Stockholm, regroupait opérateurs, constructeurs, mais également utilisateurs (par exemple, BMW), ainsi que des organismes académiques.
Sur le même sujetMWC : NSN sait parler aussi bien d'équipements réseau que de gestion clientPour l'Union européenne, le projet 5G-PPP est vital à plusieurs titres. D'une part, pour redonner à l'Europe l'initiative en matière de réseaux pour mobiles. C'est là que sont nées la 2G et la 3G. Mais d'autre part, parce que la préoccupation première de l'Europe étant la lutte contre le chômage, les télécoms constituent la clé de l'avenir : leur développement permettra de créer les services et les métiers de demain qui aideront au développement de l'emploi. Aussi, Neelie Kroes a-t-elle vigoureusement plaidé pour une collaboration profonde entre les acteurs européens en matière de recherche et d'innovation.
Partir des besoins futurs des utilisateurs
À la différence des générations précédentes, caractérisées par l'arrivée de nouvelles technologies, favorisant l'essor de services de plus en plus diversifiés, la 5G (photo de UNE Ericsson) ne se traduira pas, au moins pour le moment, par une recherche dans ce sens. Dans une première étape (2014-2016), les réflexions consisteront à cerner les besoins des futurs utilisateurs en 2020. Une fois ce cadre fixé, alors commencera la phase de pré-normalisation (2016-2018). Enfin, dernière étape, la normalisation elle-même (2018-2020).
La philosophie de la 5G est de faire travailler de concert, dans un ensemble cohérent, toutes les technologies depuis le LTE-Advanced, jusqu'au Wi-Fi ou même Bluetooth et ses variantes, ou encore des solutions très spécifiques comme celle de Sigfox. Chacune a son rôle. Par exemple, le machine-to-machine, devenu l'Internet des Objets, et qui va booster le trafic dans les prochaines années, a des exigences particulières, selon les secteurs. Ainsi, un message indiquant qu'un distributeur de boissons est vide ne nécessite pas les mêmes performances du réseau, en termes de débit et de latence, que la conduite d'une voiture sans pilote, qui doit instantanément détecter les dangers et adapter vitesse et trajectoire. Ou, dans le domaine de l'e-santé, les dispositifs de surveillance des malades à distance doivent rapidement déclencher des alertes, assorties d'un pré-diagnostic pour favoriser l'intervention humaine.
Reste à savoir si, malgré les bons sentiments affichés aujourd'hui, constructeurs comme opérateurs, concurrence oblige, auront la patience d'attendre sept ans avant de coller l'étiquette « 5G » sur leurs prochains produits et si l'on ne verra pas, dès 2016, des Pré-5G ou des 5G Ready.