Musique en ligne : le modèle économique idéal reste à inventer
Nathalie Kosciusko-Morizet a inauguré un cycle de cinq conférences visant à dessiner un modèle économique viable pour la musique en ligne. Le débat reste houleux entre ceux qui critiquent les plates-formes existantes et ceux qui estiment qu'elles sont arrivées à maturité, notamment grâce à la disparition des DRM (Source EuroTMT) Comment lutter contre le piratage musical sur Internet ? Comment s'assurer que les artistes puissent être rémunérés pour leur création ? Et, accessoirement, comment faire en sorte que l'industrie de la musique ne sombre pas corps et âmes dans les prochaines années ? C'est pour répondre à ces questions que Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d'Etat chargée de la Prospective et du Développement de l'économie numérique, a inauguré, le 14 avril un cycle de cinq rencontres intitulé « Internet pour la création musicale ». Réalisées en collaboration avec le magazine SVM qui s'est farouchement opposé à la loi HADOPI, ces conférences ont pour objectif de réfléchir à l'avenir de la création musicale à l'heure d'Internet. Certes, on peut regretter que cette initiative vienne tardivement alors que la loi sera sans doute adoptée dans les prochaines semaines. Mais comme aucun modèle économique viable ne se dégage et que tout le monde (ou presque) est d'accord pour reconnaître que le téléchargement illégal n'est pas une bonne solution, on ne peut que saluer la décision de NKM d'entamer un vrai débat. Une complémentarité jugée évidente entre le physique et le numérique Cette première rencontre organisée dans le lieu très branché de la Cantine à Paris, a réunit toute une palette de diffuseurs parmi lesquels des opérateurs (Orange, Free, SFR), des plateformes de téléchargement légal (VirginMega, Fnac, Deezer), des radios et des web radios (Goomradio.com, radio Néo...) qui ont chacun présenté leur modèle. Les maisons de disques, les artistes et les associations de consommateurs étant absents de ce premier débat (mais ils devraient être conviés aux autres conférences), les propos sont restés assez consensuels. D'abord pour reconnaître la complémentarité entre le physique et le numérique et rejeter l'idée que le second va se substituer au premier. Sur la question de l'offre, les intervenants ont été plus divisés : « l'offre légale n'est plus un problème et un prétexte pour pirater » a assené André Nicolas, Directoire de l'Observatoire de la musique. Un avis pas entièrement partagé par Roberto Ciurleo, directeur de la publication de Goomradio qui regrette un problème d'accessibilité des nouveaux titres, tant sur les radios que sur les plateformes de téléchargement légal. D'où la tendance des plus jeunes à récupérer illégalement les nouveaux morceaux. Heureusement, certains freins commencent à sauter, comme celui des DRM. Mais la multiplicité des offres (au titre, à l'écoute...) entretient la confusion auprès des internautes qui, lorsqu'ils achètent un titre veulent l'écouter tout le temps et sur tous les supports. Le problème des tarifs, trop élevés aux yeux de tous, a également été soulevé. L'offre Musique Max d'Orange a fait un flop à cause de son coût Laurence Le Ny, directrice musique d'Orange a ainsi expliqué que l'offre Musique Max lancée en juin 2008 par l'opérateur (téléchargement illimité de titres pour 12 euros par mois) avait fait un flop en raison de son coût. SFR, qui se présente comme la deuxième plateforme de téléchargement de musique en France (sur PC et téléphone mobile), n'a toujours pas atteint son seuil de rentabilité. Mais comment faire, ont plaidé tous ces diffuseurs ? « Alors que nous gagnons au maximum 1 ou 2 centimes par titre et que le plus souvent nous perdons de l'argent. » Car, a rappelé François Gerber, Directeur de l'activité dématérialisée à la FNAC, « une plateforme de téléchargement, c'est très lourd à gérer ». Outre le personnel (15 personnes à la Fnac), il faut mettre tous les titres au standard du marché, gérer les problèmes d'interopérabilité, négocier avec les ayants-droits... Bref, personne n'a vraiment apporté LA bonne réponse, et c'est à se demander pourquoi tout le monde veut aller sur ce marché. A l'exception de Free, qui par la bouche de son directeur général Maxime Lombardini, a expliqué qu'» il n'ira pas sur ce créneau tant qu'il n'y aura pas un vrai modèle légal tenant la route ».