Mobile Office 2005 : Ovum, la convergence n'est pas urgente !
Interview :Vincent Poulbere, consultant senior chez Ovum, relativise l'euphorie ambiante sur la convergence
R&T : Comment se positionnent les opérateurs mobiles sur la data mobile ? Vincent Poulbere : Le grand challenge est sur la voix, pas sur la data. En data, l'unique besoin porte sur la messagerie mobile. Et encore, quand vous êtes un petit professionnel et que vous appelez la hot-line SFR pour bénéficier d'une offre Blackberry, ils vous renvoient sur leurs partenaires. Les opératrices ne connaissent même pas la solution Blackberry. La situation est différente chez Orange, qui dispose d'une vraie force de vente via le réseau des agences France Télécom. Quant à Bouygues, les parts de marché parlent d'elle-même. R&T : Globalement, les opérateurs sont-ils bien préparés à la convergence fixe-mobile ? VP : Les opérateurs historiques sont particulièrement bien positionnés grâce à leurs parcs installés. Ils poussent les services chez leurs clients. France Télécom par exemple affiche un interlocuteur unique et se pose comme opérateur convergent. Cependant, il existe des opportunités pour les opérateurs purement fixes et les opérateurs mobiles. SFR l'a bien compris en développant ses partenariats MVNO, notamment avec Neuf Cegetel. R&T : Les opérateurs fixes essaient de récupérer du trafic perdu ? VP : BT Group avec son offre BT Fusion tente clairement de faire venir le trafic sur le fixe. Les acteurs travaillent sur le CTP et l'IMA. La technologie CTP permet de ramener le trafic vers le fixe à l'intérieur de l'entreprise, à travers la liaison bluetooth du mobile. Le CTP ne prend pas en charge le hand-over et les deux systèmes de numéros, fixes et mobiles, coexistent. L'UMA résout ces problèmes. Le controller est installé chez l'opérateur. Par contre, dans les deux cas, la maîtrise de l'accès est problématique, qu'on soit en Wifi ou en Bluetooth. Des problèmes de QoS se posent. De plus, ces offres ne s'imposeront que si elles en valent économiquement la peine. R&T : Est-ce à dire que le déclin du fixe va s'arrêter ? VP : Les opérateurs mobiles bénéficient actuellement très fortement de la substitution d'accès. A court terme, je ne vois pas du tout le phénomène s'inverser, surtout sur le marché résidentiel. Pour des raisons pratiques, les gens continuent d'appeler de chez eux avec leur mobile, même si c'est plus avantageux pour eux de passer par la ligne fixe. De plus, les terminaux cellulaires/Wifi sont coûteux et resteront marginaux sur le parc mobile. Il ne faut pas non plus sous-estimer la réactivité commerciale et marketing des opérateurs mobiles. Non vraiment, l'impact à court terme de la convergence en milieu résidentiel sera très limité. Nous observons avec intérêt les offres de Neuf Cegetel. Face à une concurrence acerbe, cet opérateur doit se développer sur d'autres marchés et migre donc naturellement vers la convergence. L'offre BT Fusion est quand à elle décevante, trop peu intéressante économiquement. En entreprise, la logique est différente. Le marché est piloté par la baisse des coûts. Cependant, la convergence n'est pas une urgence absolue mais plutôt une réflexion stratégique.