Mobile : les 3 opérateurs français engrangent
Les trois opérateurs mobiles hexagonaux disposant d'un réseau s'inquiètent que l'arrivée d'un quatrième acteur ne les pousse à la ruine. En attendant, ils continuent d'accroître leurs revenus malgré la crise.
(Source EuroTMT) Nous sommes à trois semaines de la remise des dossiers de candidature à la quatrième licence de téléphonie mobile. Il est donc intéressant de faire le point sur le marché français. D'autant que l'un des principaux arguments mis en avant par les trois opérateurs de réseaux pour contester l'arrivée d'un quatrième acteur porte sur le risque de déstabilisation financière des opérateurs déjà fragilisés par la crise. Deux études récentes, réalisées par Exane BNP Paribas et JPMorgan, montrent qu'il n'en est rien, France Télécom, SFR et Bouygues Telecom affichant au contraire une très bonne santé. Premier constat partagé par les deux études : le marché français constitue bel et bien une exception en Europe. La croissance au cours du premier semestre y a été positive alors qu'elle est négative dans les autres grands marchés. Ainsi, selon Exane, les revenus des opérateurs ont progressé de 4,2 % au premier trimestre et de 3,9 % au deuxième. Or JPMorgan note que le marché a baissé en Europe de 1,9 % au premier trimestre puis de 4,5 % au deuxième trimestre. La France est, avec les Pays-Bas, la Finlande et la Suède, l'un des très rares pays à avoir enregistré deux trimestres consécutifs de croissance. Alors que la crise économique faisait craindre, en France comme dans les autres pays européens, un fort impact sur la téléphonie mobile, l'effet est peu visible. Si les revenus voix continuent à baisser, notamment en raison de la forte contraction du roaming intra-européen (double effet de la baisse des tarifs et de la baisse de la consommation), les revenus « data » poursuivent leur croissance et atteignent presque 25 % du revenu moyen généré par abonné. De plus, les trois opérateurs tricolores ont bénéficié d'une forte croissance du nombre d'abonnements, notamment au cours du deuxième trimestre. Selon les chiffres qu'ils ont communiqués, ils ont globalement gagné plus de 900 000 nouveaux clients - alors que l'observatoire de l'Arcep ne chiffre la croissance qu'à 676 000 - soit, comme le fait remarquer Exane, le triple du niveau enregistré au deuxième trimestre 2008. Globalement, le revenu moyen par abonné (ARPU) demeure quasiment stable en France, souligne Exane, alors qu'il s'inscrit en forte baisse partout ailleurs sur le vieux continent : une baisse de 4,8 % au deuxième trimestre pour les opérateurs historiques et un recul de 5,7 % pour les alternatifs. Deuxième constat commun aux deux études : malgré les efforts commerciaux réalisés par les opérateurs, notamment par SFR et Bouygues Telecom à l'occasion de la commercialisation de l'iPhone, les marges ne se dégradent pas significativement. Exane chiffre ainsi l'Ebitda moyen du secteur en France à 36,5 % au deuxième trimestre, un niveau en ligne avec la moyenne européenne (35,4 % selon JPMorgan). Pour la deuxième partie de l'année, Exane demeure confiant et estime que le marché français devrait avoir gagné au final plus de 2 millions d'abonnés sur l'ensemble de l'année (2,6 millions en 2008). Les seuls éléments négatifs proviendraient des décisions réglementaires concernant la terminaison d'appel mobile, dont le tarif a baissé au 1er juillet 2009. Une baisse qui devrait peser sur la croissance des revenus au deuxième semestre et sur l'Ebitda. Mais le pilotage serré des coûts par les opérateurs devrait limiter ces baisses. Et Exane note que les efforts commerciaux réalisés cette année devraient porter leurs fruits dès l'an prochain et venir soutenir la croissance des opérateurs mobiles. Le prix de la minute L'étude d'Exane a aussi un autre mérite : apporter un éclairage sur le coût des communications mobiles. Comparant France Télécom avec ses grands homologues européens, l'étude établit que la minute de communication mobile consommée coûte 0,13 euro chez le Français, soit un niveau proche de la moyenne de 0,136 euro (une fourchette allant de 0,10 euro pour Mobilkom Austria à 0,17 euro pour KPN). En revanche, le nombre de minutes consommées est très élevé chez France Télécom : 197 minutes, pour une moyenne de 135 mn. D'où un Arpu voix de 25,7 euros pour l'opérateur tricolore, alors qu'il s'établit en moyenne à 18 euros.
