Mobile : Free sous pression

le 18/09/2009, par EuroTMT, GSM/3G/4G, 732 mots

Même les paranoïaques ont des ennemis. Xavier Niel, fondateur de Free, s'inquiète de menaces qui montent autour de lui à l'heure où l'opérateur se rapproche enfin de la 4ème licence 3G si longtemps espérée.

Mobile :  Free sous pression

(Source EuroTMT) Paranoïaque Xavier Niel ? A lire les propos du fondateur et principal actionnaire d'Iliad dans l'hebdomadaire The Economist, on est tenté de le croire : « Si je me suicide ou si je meurs dans un accident de voiture, vous saurez alors que les menaces étaient sérieuses, parce que je ne suis pas suicidaire et que je conduis très prudemment ! » Et ce n'est pas la déclaration récente du président de la République qui va calmer ses tendances paranoïdes. Selon Reuters, Nicolas Sarkozy aurait en effet affirmé au cours d'un déjeuner réunissant des parlementaires qu'il était « assez sceptique et réservé sur le choix d'un quatrième opérateur. Car le prix le plus bas n'est pas forcément le meilleur. » Une allusion évidente à Free, qui affirme depuis plusieurs années pouvoir diviser par deux la facture annuelle de téléphonie mobile pour une famille. Pour autant, si le président de la République prend ainsi position dans le dossier de la quatrième licence mobile, il ne peut plus faire grand-chose : depuis la publication du décret donnant le coup d'envoi à la procédure d'attribution. L'Arcep est en effet le seul maître à bord. C'est l'Autorité, après examen du (ou des) dossier(s) de candidature, qui pourra attribuer (ou non) la licence. Et si le dossier d'Iliad ressort comme étant le « mieux-disant », le groupe de Xavier Niel décrochera la licence. Photo : Xavier Niel, fondateur d'Iliad maison mère de Free(D.R) A ce jour, Free est d'ailleurs considéré comme le favori. Mais le propos de Nicolas Sarkozy semble confirmer le fait que Xavier Niel a face à lui de nombreux ennemis, qui ne supportent pas l'activisme du FAI. Dans le haut débit, Free a été à l'origine (avec le soutien de l'Arcep) de l'explosion du marché grâce au dégroupage, la France affichant de plus les tarifs parmi les moins chers d'Europe. Un prix que l'opérateur alternatif entend bien maintenir à l'occasion du passage au très haut débit, ce qui provoque des critiques acerbes de la part de ses concurrents (notamment chez SFR Vivendi) qui souhaiteraient bien pouvoir remonter les tarifs. Dans le mobile, le groupe Bouygues, dont le patron est un proche du président de la République, s'oppose à la délivrance de la quatrième licence, considérant que l'entrée d'un nouvel acteur va déstabiliser le marché. Depuis que le dossier de la quatrième licence a été relancé, de nombreuses rumeurs ont d'ailleurs fait état de pressions des trois grands opérateurs mobiles sur le gouvernement sur le thème de la défense de l'emploi. Manifestement ce discours semble avoir été entendu du côté de l'Elysée. Et la dernière initiative des trois opérateurs mobiles a été de porter plainte à Bruxelles considérant le prix retenu (240 millions d'euros) trop faible. Une plainte qui a peu de chances d'aboutir : il y a trois ans, la Commission avait en effet déjà autorisé un pays à baisser le prix de la licence pour pouvoir faire entrer un nouvel acteur sur son marché. L'obtention d'une licence de téléphonie mobile étant vitale pour l'avenir de Free, l'opérateur alternatif peut donc craindre, logiquement, un coup de Trafalgar l'empêchant de l'obtenir. Comme l'ont montré les premiers résultats commerciaux de l'offre quadruple-play de Bouygues Telecom, il y a un marché pour ce type d'offres et ce marché empiète largement sur les clients visés par Free. D'ailleurs, l'opérateur alternatif a vu ses prises d'abonnement brutes s'effondrer durant le deuxième trimestre, période durant laquelle l'offre de Bouygues a été lancée. Et tous les analystes attendent avec impatience les résultats commerciaux du troisième trimestre pour savoir si cette tendance se confirme. Depuis sa création il y a dix ans, ce serait alors le premier indice inquiétant pour Free. Concurrence ou emploi ? C'est un grand classique du débat économique : à partir de quel moment la concurrence met elle en danger l'emploi ? Les trois grands opérateurs mobiles de l'hexagone ont décidé que le degré de concurrence était suffisant et que l'entrée d'un nouvel acteur en France ne se ferait qu'au détriment de l'emploi. Compte tenu de leur très forte rentabilité et des importants cash-flows qu'ils dégagent, une autre conclusion s'impose aussi : pour préserver leurs marges, ils préfèrent sacrifier l'emploi plutôt que de réviser à la baisse le niveau de rémunération de leurs actionnaires.

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