Mobile : Actimagine réconcilie vidéo et durée de vie des batteries
Actimagine commercialise un codec permettant de visionner de longues heures de vidéos sur un mobile, tout en garantissant une haute QoS. André Pagnac, Président de cette jeune pousse française, nous explique les avantages de la technologie Mobiclip.
R&T : Qui est Actimagine ? André Pagnac : Actimagine a été, à mon initiative, créée en 2003. En effet, je travaillais à l'époque pour le secteur des industries graphiques. J'ai alors rencontré une petite équipe d'ingénieurs spécialisés dans le traitement de signal et l'affichage vidéo. De là est née l'idée de développer un codec vidéo et une technologie flash sur mobile. Nous avons tout d'abord travaillé pour une filiale de Toshiba qui cherchait à commercialiser une technologie vidéo sur Game Boy. Nous avons ainsi séduit Nintendo qui a implémenté notre solution sur Game Boy et Nintendo DS. Ils commercialisaient des cartouches de films. Nous avons par la suite remporté un marché chez FisherPrice pour leurs produits multimedia. En parallèle nous développions notre technologie pour les téléphones mobiles, activité devenue aujourd'hui notre c?ur de métier. Nous avons alors sorti nos premiers films sur cartes mémoires avec Sony Pictures. L'activité Flash a, quant à elle, été revendue à Adobe. Acitmagine représente aujourd'hui une trentaine de personne et dégage un chiffre d'affaire de plus de 6 millions de dollars (2006). Nos actionnaires sont Américains. R&T : Quelle est votre technologie ? A. P. : Nous avons développé un codec vidéo, baptisé Mobiclip. La technologie est comparable à H264 mais avec une efficacité et une qualité bien supérieure. Notre force : la décompression. Mobiclip décompresse jusqu'à 8 fois plus que H264. Et moins de cycle processeur signifie in fine moins de consommation de batterie ! Notre technologie permet de lire une vidéo pendant 7 à 8 heures sur un Nokia en plein écran QVGA à 24 images/secondes. Un iPod vidéo fournit à peine 2h30 d'autonomie et une PSP guère plus que 2 à 3h. Un film d'1h30 tient sur une carte mémoire de 128 Mo à 256 Mo suivant l'encodage. Nous obtenons une bonne qualité à partir de 80 Kbps et une qualité supérieure à 150 Kbps. Notre codec, fonctionne sous Symbian, Linux, Brew, Windows Mobile, Palm... Il nécessite pour le moment notre propre lecteur mais une solution est en préparation pour la fin de l'année pour fonctionner sous Windows Media Player et Real Player. R&T : Votre solution fonctionne-t-elle en streaming ? A.P. : Pas encore, nous sommes en train de finaliser une version béta que nous montrerons au 3GSM à Barcelone. Aujourd'hui Mobiclip ne fonctionne qu'en téléchargement, et c'est déjà beaucoup. R&T : Les opérateurs utilisent déjà des solutions concurrentes comme celle de Packet Vidéo ! A.P. : L'aspect QoS est très important pour une diffusion de film. La solution Packet Vidéo est assez moyenne : 12 à 15 images/secondes, pas de mode plein écran. Or, les fournisseurs de vidéos ne veulent pas d'un contenu dégradé. Les opérateurs sont restés calés sur des solutions de type Mpeg 4 et H264. Ces standards vidéos sont peu adaptés au monde du mobile et ils sont très consommateurs de ressources. Ils sont de plus conçus pour des équipements connectés à une prise électrique ! Même le DVB-H n'apporte pas une QoS suffisante. R&T : Pourtant le DVB-H est spécifiquement adapté pour le mobile ! A.P. : Oui, mais la technologie est conçue pour la diffusion en Broadcast. Pour visualiser TF1 sur le mobile, le DVB-H s'impose. C'est vraiment de la télé. Nous sommes ici sur de la VOD. L'utilisateur visualise ce qu'il a envie de regarder avec une haute QoS. R&T : Visez vous dorénavant le marché des opérateurs ? A.P. : Nous avons assez peu travaillé avec les opérateurs. Tout notre business s'est développé en dehors des marchés opérateurs. Les cartes mémoires n'ont en effet pas besoin de ce canal de distribution. Avec un smartphone Wifi, un utilisateur peut télécharger une vidéo sans passer par un opérateur. Notre écosystème s'est donc développé jusqu'à présent sans ces acteurs. Cependant, nous travaillons dorénavant sur des outils VOD pour les opérateurs.