Mis en examen, Stéphane Richard fragilisé à la tête de France Télécom
Deux jours de garde à vue se soldent par une mise en examen pour « escroquerie en bande organisée » du PDG d'Orange France Telecom. Sa position à la tête de l'opérateur historique est désormais en question.
Suite à son audition en garde à vue durant deux jours par la brigade financière, le PDG de Orange France Telecom a été mis en examen pour « escroquerie en bande organisée ».
La procédure ne concerne pas directement l'opérateur télécoms puisqu'il s'agit d'un rebondissement dans l'affaire de l'arbitrage entre Tapie et le Crédit Lyonnais. Mais le maintien à son poste du patron d'Orange France Telecom est désormais en question.
Les services du premier ministre ont annoncé dans l'après midi que le conseil d'administration d'Orange se réunira dans les prochains jours afin de tirer les conséquences de cette mise en examen. Du côté d'Orange, un porte parole a toutefois déclaré que Stéphane Richard serait à son poste Jeudi matin et qu'il n'y a pas de conséquences sur ses responsabilités à Orange.
Côté syndicats, les avis sont partagés. La CFE-CGC UNSA de France Télécom défend la présomption d'innocence. Le syndicat demande à l'État actionnaire de soutenir l'action de son PDG pour défendre la pérennité de l'entreprise et les emplois, plus de 100 000 en France et 170 000 dans le monde.
Le syndicat estime qu'il n'y a aucun lien entre l'éventuel rôle joué par Stéphane Richard - alors Directeur de cabinet de Christine Lagarde au Ministère de l'économie et la mission actuelle de Stéphane Richard en tant que PDG de France Télécom-Orange. Même mis en examen, il doit continuer de bénéficier de la présomption d'innocence, jusqu'au dénouement de la procédure judiciaire, rappelle le syndicat.
On n'apprend pas à piloter France Télécom en quelques jours ...
On n'apprend pas à piloter France Télécom en quelques jours
"Tout changement brutal de Direction aurait forcément des conséquences préjudiciables pour France Télécom-Orange : personne ne peut prétendre maîtriser le pilotage d'une telle entreprise en quelques jours" affirme-t-il.
Mais le syndicat Sud Télécoms soutient nettement moins son PDG. Il aurait même tendance à le pousser vers la sortie. Dans un communiqué daté du 12 Juin, il indique que le motif de mise en examen est extrêmement grave. Selon SUD, même si la justice devra trancher plus tard dans cette affaire éminemment politique, « on voit mal comment une telle mise en examen est compatible avec la direction de l'entreprise ».
Le syndicat reconnaît qu'il est possible que Stéphane Richard fasse fusible alors que Christine Lagarde, la ministre de l'économie de l'époque, protégée par l'Elysée, n'est que « témoin assistée » dans l'instruction.
Sud affirme ne pas se réjouir de la situation et remercie implicitement Stéphane Richard pour avoir mis fin à la grave crise sociale créée par les multiples suicides de salariés mais estime que le PDG engage une politique de réduction d'emplois qui risque d'entraîner de nouvelles difficultés pour les personnels. Au final, pour Sud, l'éventuel remplacement de Stéphane Richard poserait la question de l'avenir de la stratégie industrielle comme celle de la politique d'emploi dans l'entreprise.
La CGT pour sa part, se garde de s'exprimer sur les éventuelles conséquences de cette affaire. Elle dément tous propos relatifs à une « paix sociale » que Stéphane Richard aurait apporté lors de sa nomination à la tête du Groupe en 2009.
"Les raisons de sa mise en examen lui renvoient, ainsi qu'a l'Etat qui l'a proposé a la tête de l'entreprise, la question de son maintien comme PDG du groupe", soutient le syndicat dans un communiqué, cité par l'AFP.
Selon la CGT, si une forme d'apaisement a eu lieu jusqu'en 2012, « c'est avant tout parce que le rapport de force à contraint la direction à stopper les restructurations et les suppressions d'emplois. » Cela a permis de recruter 10 000 salariés sur 3 ans. Ce qui correspondrait au remplacement des départs.
Le syndicat soutient que pour maintenir un haut niveau de cash flow et reverser des milliards en dividendes aux actionnaires, le nouveau plan stratégique triennal, porté par le même PDG, prévoit 7 000 suppressions d'emplois d'ici 2015 et jusqu'à 20 000 d'ici 2020. Pour lui, les annonces de « nouveau contrat social » sont restées des mots. La CGT réaffirme qu'elle entend combattre la stratégie de la direction de France Télécom.
Stéphane Richard souffrirait d'arythmie cardiaque ...
Stéphane Richard souffrirait d'arythmie cardiaque
Enfin, selon Le Figaro, Stéphane Richard a demandé à son avocat de déposer un recours en annulation de sa mise en examen devant la cour d'appel de Paris. On apprend par ailleurs que la première journée d'audition de sa garde à vue aurait fatigué le PDG, et qu'il a été hospitalisé durant la nuit du lundi au mardi à l'Hôtel-Dieu.
La première journée d'interrogatoire avait duré de 9 h 30 à 1 heure du matin selon l'avocat de Stéphane Richard. Les juges d'instruction se sont alors déplacés sur place afin de l'entendre. Selon le Monde, le PDG a présenté en début d'audition un certificat médical indiquant qu'il souffre d'arythmie cardiaque. Il aurait donc été transféré à l'hôpital par précaution, sans plus.