Microsoft s'en va-t-en guerre contre l'Open Source
En réclamant à présent des royalties auprès des auteurs de logiciels libres, Microsoft jette un pavé dans la mare de l'Open Source.
L'affaire remonte à février dernier, lorsque Steve Ballmer, le PDG de la firme Redmond avait accusé Linux d'exploiter la propriété intellectuelle protégée par les brevets de l'éditeur américain. En réponse à ces allégations, la communauté du libre avait immédiatement réagi en écrivant une lettre ouverte qui s'adressait à Steve Ballmer, lui demandant de prouver ce qu'il avançait. A l'époque, Microsoft n'avait pas souhaité s'exprimer. Et bien depuis c'est chose faite. Dans un entretien au magazine américain « Fortune », Brad Smith, le conseiller juridique de Microsoft a clairement accusé les auteurs de logiciels du libre de violer 235 des brevets de l'éditeur américain. Ainsi, le noyau Linux en enfreindrait 42, l'interface utilisateur 65, Open Office 45, et les divers autres logiciels Open Source 83. Pour l'éditeur de Redmond, il s'agit d'une question de principe. Steve Ballmer estime que si les développeurs de Linux ne veulent rien entendre, ils doivent être mis devant leurs responsabilités. Selon lui, il s'avère malhonnête que Linux exploite sans autorisation et qui plus est, gratuitement ses brevets. Un moyen pour l'éditeur de faire pression sur les acteurs du libre, car ceux-ci ne cessent de gagner du terrain. En semant le doute, Microsoft tente ainsi de déstabiliser les utilisateurs d'Open Source et en particulier les entreprises plus facilement attaquables en justice. Ainsi, certaines pourraient ne pas oser utiliser de logiciels libres par peur du procès. Si pour l'instant Microsoft ne compte pas porter l'affaire devant les tribunaux, reste à savoir comment il va s'y prendre pour avoir gain de cause. Ce qui ne semble pas préoccuper Eben Moglen, conseiller de la Free Software Foundation et professeur à Columbia. Celui-ci n'hésite pas à rappeler que les logiciels ne sont que des algorithmes mathématiques et de ce fait, personne ne peut être soumis aux brevets. Cependant, tous les acteurs ne sont pas aussi optimistes. Beaucoup voient d'un mauvais oeil, la déclaration de Microsoft. Ainsi, Ed Black, président de la CCIA, une fédération professionnelle de l'industrie informatique estime que la prolifération de procès pour violation de brevets nuira à tous, car cela déclenchera des contre procès en représailles, y compris contre la firme Redmond.