Micmac dans les fréquences mobiles allemandes
Le régulateur des télécoms allemandes suscite l'inquiétude de Bruxelles. Afin de vendre plus cher les fréquences libérées par l'audiovisuel, il paraît prêt à laisser les deux opérateurs dominants T-Mobile et Vodafone se renforcer encore.
(Source EuroTMT) Alors que la plupart des pays européens ont déjà décidé de réserver aux télécoms mobiles une partie des fréquences libérées par le basculement de l'audiovisuel vers le numérique, Bruxelles semble décidé à se montrer vigilant quant aux conditions d'attribution de ces « fréquences en or ». Selon le Financial Times Deutschland, Viviane Reding, la commissaire en charge de la société de l'information, a ainsi écrit au régulateur allemand pour lui exprimer ses réserves sur le processus en cours et lui demander de s'assurer que la procédure ne sera pas discriminatoire. Les préoccupations de la Commission européenne rejoignent celles des opérateurs E-Plus (filiale de KPN) et O2 Germany (Telefonica), qui ont aussi demandé au régulateur de s'assurer que l'attribution des fréquences en or ne renforcera pas les leaders. Arrivés sur le marché après T-Mobile et Vodafone, qui disposent de fréquences dans la bande des 900 MHz, E-Plus et O2 craignent de voir ces deux principaux acteurs du marché rafler les fréquences dans la bande des 800 MHz, ce qui leur permettrait d'accroître ainsi leur avantage concurrentiel. Une crainte d'autant plus forte que le régulateur allemand a annoncé cet été qu'il allait rendre « flexibles » les fréquences déjà attribuées, permettant ainsi aux opérateurs disposant de licences en 900 MHz d'utiliser ces fréquences pour faire de la 3G et pas seulement de la 2G. La durée des licences 2G est aussi repoussée jusqu'en 2025 alors qu'elles devaient se terminer en 2016. Comme le spectre disponible dans la bande des 800 MHz est insuffisant pour faire face aux besoins de tous les opérateurs, si le régulateur n'impose aucune restriction, T-Mobile et Vodafone pourraient acquérir ces fréquences. Or pour le moment, l'Allemagne prévoit une simple mise aux enchères couplée avec celle des fréquences de la bande des 2,5 - 2,6 GHz. Une procédure sans garde-fou mais que le régulateur allemand a déjà présenté comme équitable. Surtout, en ne mettant aucune contrainte aux deux principaux opérateurs, l'Allemagne peut espérer voir les enchères exploser, comme ce fut le cas lors de l'attribution des licences 3G. Cette situation pourrait donc aboutir à un partage des fréquences en or entre les deux principaux opérateurs mobiles, déstabilisant un peu plus les deux plus petits. Une situation d'autant plus dangereuse que la bande des 800 MHz devrait être mise à profit pour faciliter le déploiement des réseaux LTE, notamment dans les zones rurales ou périurbaines. Confrontée à un problème similaire, la Grande-Bretagne a pris la décision de plafonner le montant de fréquences en dessous de 1 GHz qu'un opérateur peut détenir. Dans ce cadre Vodafone et O2 UK devraient, s'ils souhaitent acquérir des fréquences en or, rendre une partie de leurs fréquences en 900 MHz. En France, la question se pose dans d'autres termes. Tous les opérateurs mobiles ont en effet accès à la bande des 900 MHZ, ouverte à la 3G. Ainsi, l'attribution de la quatrième licence 3G s'accompagne de la cession au nouvel entrant d'une tranche de 5 MHz dans la bande des 900 MHz par les trois autres. De plus, conscient du problème, l'Arcep réfléchit sur les conditions d'ouverture des fréquences 800 MHz. Et lors de la réunion plénière du CRIP il y a deux semaines, le représentant de SFR a aussi proposé que la future société commune chargée de la construction des réseaux FTTH en zones moyennement denses soit aussi attributaire des fréquences du dividende numérique.