Même pour séduire le Gouvernement français, Huawei rivalise avec Alcatel
Viré des Etats-Unis, accueilli à bras ouvert en Grande-Bretagne, le chinois Huawei teste ses capacités de séduction auprès des pouvoirs publics en France. Le fief d'Alcatel-Lucent qui valorise auprès de ces mêmes pouvoirs publics la recherche et les technologies qui ont fait sa gloire et devrait lui assurer un avenir.
Il n'y a pas que la technologie dans la vie, le lobbying aussi est un élément de la compétition, surtout dans les télécoms toujours proches, ne serait-ce que pour les affaires règlementaires, de la puissance publique. En l'espace de deux jours, Huawei et Alcatel-Lucent ont montré au Gouvernement deux facettes différentes. Lundi le 1er Ministre Manuel Valls recevait le CEO et fondateur de Huawei, Ren Zhengfei, le lendemain, Michel Combes CEO d'Alcatel-Lucent, faisait visiter ses labs à la Secrétaire d'Etat au numérique, Axelle Lemaire.
Premier épisode donc, lundi matin où Manuel Valls reçoit le patron de Huawei, une visite qui n'est pas indiquée dans son agenda officiel. Elle dure ¾ d'heures, les dossiers ont été bouclés avant et le message que souhaite faire passer le géant chinois est clair, il veut investir pour du long terme en France, non seulement pour séduire des clients français, mais plus encore pour bâtir son propre éco-système. Il y a quinze jours déjà, Huawei inaugurait un centre de R&D à Sophia Antipolis concernant l'électronique embarquée.
650 embauches en 5 ans en France
Sur le bureau du 1er ministre, Ren Zhengfei a présenté un épais dossier. Sa société prévoit d'investir en cinq ans, en France, 1,5 milliard d'euros, d'embaucher 650 personnes et d'ouvrir 4 centres de R&D. Des coopérations seront nouées avec des acteurs industriels français, en France. Bref, Huawei montre patte blanche, échaudé par les Etats-Unis où un lobbying contre son cyber-espionnage supposé l'a éjecté, il s'est d'ailleurs officiellement retiré de ce marché.
La vieille Europe, la Grande-Bretagne d'abord et maintenant la France, sont de véritables terres d'accueil. Les dirigeants français, le geste de Manuel Valls le montre, font bon accueil à un partenaire aussi entreprenant et aussi fin dans sa démarche. Huawei va non seulement nouer des accords industriels avec de grands groupes, mais aussi avec des PME et des start-ups qu'il courtise particulièrement.
Villarceaux nouveau fief d'Alcatel-Lucent
Le lendemain, mardi 30 septembre, Michel Combes inaugure avec Axelle Lemaire, secrétaire d'Etat au numérique la cité de l'innovation à Villarceaux dans l'Essonne. Sur ce site sont venues des équipes jusqu'alors implantées à Vélizy. Alcatel-Lucent veut en faire un centre mondial de R&D. Il procédait ce mardi à plusieurs annonces de partenariats et présentait des start-ups partenaires (nous aurons l'occasion de revenir sur leurs présentations).
Pour les partenariats, l'équipementier en annonce deux de nature très différentes. Avec JCDecaux, Alcatel-Lucent va implanter des small cells dans le mobilier urbain, de manière à densifier la couverture en réseaux mobiles des centres villes. Avec Accenture, Alcatel-Lucent lance une alliance stratégique sur le très haut débit, nommée Accenture Alactel-Lucent business group. Cette alliance aura des ressources communes dégagée par les deux groupes pour conseiller leurs clients, entreprises et opérateurs, sur la meilleure manière d'accéder au très haut débit, le tout basé sur des technologies Alcatel-Lucent.