Maquignonnage autour de McKinnon
Campagne de presse orchestrée ou ficelle d'avocat ? Jamais les médias britanniques n'ont autant parler de Gary McKinnon. Illustre inconnu il y a un an, ce sujet britannique se fait remarquer un beau jour pour avoir violé un peu moins d'une centaine de machines de la Nasa, du DoD et au passage de quelques agences de renseignement US. Pirate amoureux des performances sportives et des Web defacement ? Que nenni non point ! McKinnon était en fait, si l'on en croit la version officielle, à la recherche de preuves d'existence d'extra-terrestres, soucoupes volantes et autres E.T. . Plus l'alibi est énorme, plus il a de chances de « passer ». Reste que l'administration Fédérale n'est pas prête de pardonner cette série de hacks, et demande, depuis le début de cette histoire, l'extradition de ce David Vincent des temps modernes. McKinnon extradé, tout comme les fils de la mahomerie d'Al Quaida, les espions des romans de Ian Fleming, et les trafiquants de came ayant dépassé la limite autorisée des 10 tonnes de morphine base. Les avocats de l'intéressé voient se dresser le spectre de l'internement arbitraire en dehors de toute civilisation juridique, un séjour de stage linguistique d'une durée illimitée dans un quelconque établissement cubain ou une succursale perdue d'Afghanistan, d'Irak... ou peut-être d'Iran. « Il a peur de guantanamo » titrent nos confrères de la BBC. Des confrères qui, toutefois, reprennent complaisamment et sans la moindre réserve l'estimation des « pertes » provoquées par le hack de McKinnon -lequel n'a, semble-t-il, détruit aucun document. McKinnon est en passe de représenter à lui tout seul un pan entier de l'économie anglo-saxonne. Il fait vendre du papier, enrichit les avocats, relance l'économie chancelante des vendeurs de souvenirs E.T. de la Zone 51, submerge de travail les appareils judicaires et diplomatiques britanniques... et représente également une valeur sûre et monnayable dans le domaine de la sécurité. Le « hacker du siècle » de l'an passé voit ses services loués pour le prochain InfoSecurity Europe 2006 de Londres. Le groupe N3td3v en fait échos sur Google Groups, soulevant une tempête d'avis partagés. A ce train-là, de nouveaux rebondissements sont aisément prévisibles. Les confessions de McKinnon sur les tabloïds d'Outre-Manche, la vente d'une série de scénarios payés d'avance par Columbia : McKinnon contre les Extra-Terrestres, McKinnon contre Georges Bush et l'abominable DoJ, McKinnon et le mystère du Firewall poreux, McKinnon dans la 8ème dimension IP... Sans oublier les produits dérivés, les porte-clefs USB à rootkit intégré et les séries « Hacking the CIA for dummies ». Lorsque l'on a une ardoise s'élevant à 700 000 dollars de pertes aux origines fumeuses, on a bien le droit de s'en acquitter par tous les moyen possibles.