Mais qui est l'attachée de Presse de Google ?
Ce matin du 5 octobre, la presse audiovisuelle relatait l'avertissement d'Alex Türk, Président de la Cnil, auprès du Sénat : les agissements de Google laissent craindre pour les libertés individuelles, déclare en substance le Monsieur fichiers informatiques de la France. Libertés fortement compromises par la concaténation et les opérations de recoupement intensives qu'effectuerait Google sur des multitudes de fichiers et autres sources d'information. Libertés fortement compromises par les incursions du groupe dans le domaine du profilage des usagers. Libertés fortement compromises par l'extension de cette entreprise dans les domaines de la géolocalisation, de la bureautique, de la compilation des revues de presse susceptibles d'être orientées... Libertés fortement compromises par une vision radicalement différente du secret de la correspondance de celle que l'on peut constater en Europe. Le spectre des « écoutes de la NSA » sur les courriels gérés par le groupe n'est pas, estiment certains experts, une éventualité à écarter. Et, devrait-on ajouter, les risques indirects que pourraient induire l'incursion de cette entreprise dans le domaine des outils de sécurité, donc de la surveillance périmétrique du poste de travail. Et nous n'épiloguerons pas sur les multiples articles, alertes, publications d'exploits et autres démonstrations d'attaques en Cross-Site Scripting qui on fleuri ces derniers temps à l'encontre de Gmail ou YouTube... Monsieur Türk, de part ses fonctions, doit être bien paranoïaque et bien ignorant des choses relatives au « faire savoir ». Des gens bien plus importants que lui, qui, par conséquent, maitrisent bien mieux les risques encourus, ont manifesté un avis contraire. Souvenons-nous. Pas plus tard que la semaine passée, Christine Albanel, Ministre de la Culture et de la Communication, venait demander des conseils aux premiers fusils de Google pour aider à faire rayonner la culture française dans le monde. Tous les détails sur ... Google, cela va sans dire (ni payer le moindre droit d'auteur). Il faut se souvenir qu'il y a quelques temps, et toujours à propos de « rayonnement de la culture française », le Président de la Bibliothèque Nationale de France, Jean-Noël Jeanneney, éditait un essai intitulé Quand Google défie l'Europe : Plaidoyer pour un sursaut . Une vision assez radicale et ouvertement antigoogleliste, dont on peut avoir un aperçu sur le blog Poezibao. Cela se déroulait à l'époque ou le géant américain offrait ses services pour que soit numérisé tout le fond des ouvrages d'expression française tombés dans le domaine public. Un acte de dévouement jugé un peut trop hégémonique et un peu trop américain. Certes, les points de vue de Monsieur Jeanneney sont un peu exacerbés. On ne peut prétendre accuser Google de vouloir s'accaparer la culture d'une nation alors que le « concurrent » français, Gallica, numérise son fond dans un format pratiquement impossible à exploiter, en mode « image », sans la moindre « OCRisation » du texte. On ne peut prétendre accuser Google de vouloir accaparer la culture d'une nation alors que les grandes initiatives de divulgation des oeuvres du domaine public relèvent bien souvent d'initiatives privées, d'associations, de bénévoles, rarement aidé financièrement parlant par la BNF. Ainsi le projet Gutemberg, la Société des Amis d'Alexandre Dumas, Literatura et tant d'autres, moins connus ... Pourtant, l'on peut trouver sur Internet certaines de ces mêmes oeuvre tombées dans le domaine public, et commercialisées, tant en France qu'à l'étranger, sous forme de « e-book ». Une dénomination pudique pour désigner un ouvrage qui n'aura pas couté un centime à l'éditeur, tout en lui permettant d'y apposer une protection de type DRM. Mais qui s'en émeut ? Après tout, imaginer un instant une formidable « librairie Google » DRMisée -ou soumise à une forme de « participation au frais de numérisation » n'est guère plus inquiétante que l'application de ces mêmes pratiques dans le monde de la musique. Que dire également du spectre de la « sélection dictée par la demande du public », celle qui consisterait à n'offrir à l'Internaute que le pan politiquement correct d'un catalogue d'ouvrages, compilé par un aréopage d'intellectuels googleliens. Après tout, certains auteurs on l'habitude des enfers. De Sade à Baudelaire, de d'Holbach à Sartre, certains noms faisaient encore peur il n'y a pas si longtemps.