Logiciel libre face au propriétaire, Jacques Attali confronté aux DSI
Jacques Attali, coordinateur du rapport « 300 décisions pour changer la France », a rencontré une quinzaine de DSI de très grands comptes publics et privés ainsi que quelques dirigeants de SSII, à l'initiative de Netfective, éditeur du générateur d'applications BluAge.
Pour l'ancien conseiller du président Mitterrand, le logiciel libre et les formats ouverts sont la condition du développement de la croissance et de la concurrence en matière de logiciel. Ceci dit, « Dans le combat du logiciel libre contre le logiciel propriétaire, on a souvent l'impression qu'il s'agit en fait d'une lutte entre le monde IBM et le monde Microsoft » note Jacques Attali. Le libre génère de la valeur Plus globalement, au-delà de l'informatique, « il y a une véritable émergence du gratuit, comme une tendance sociale de fond, par le développement de l'altruisme et du plaisir du don , déclare Jacques Attali qui ajoute, le gratuit génère de la valeur ailleurs et baisse les coûts d'investissement. Par exemple le MP3 permet de vendre des iPod. ». Il arrive aussi que le gratuit et le commercial entrent dans un mouvement de balancier, l'un nourrissant l'autre et vice-versa. Pour Jacques Attali, le logiciel libre est un gisement de valeur commerciale (via les services en particulier,...), un agitateur anti-monopoles, et un outil de forte innovation avec une vitesse de pénétration impressionnante. Sans véritable engagement ou de coût initial important, il permet de tester de nouveaux concepts ou de nouvelles technologies. IBM utilise le libre pour reprendre pieds Les DSI présents confirment tous que le logiciel libre est clairement un agitateur, un innovateur, un contrepoids aux monopoles... mais pas gratuit. « IBM, qui utilise le libre pour reprendre pieds dans des créneaux où il a été largué, n'est pas un philanthrope ! » a-t-on ainsi entendu. La bascule vers le libre entraîne en outre des coûts élevés en maintenance. De plus, l'absence de coût de licence pose un véritable problème de pérennité des micro-acteurs et un autre souci d'intégration. Ce dernier point peut rendre le gratuit très coûteux. Photo : Jacques Attali (D.R) Le libre fondamentalement intéropérable Le premier problème des DSI peut se résumer par « il faut que ça marche ! » il y a cependant consensus pour admettre que le logiciel libre est effectivement innovant et fondamentalement interopérable grâce à l'usage de véritables normes. « Ne s'adresser qu'à de gros acteurs, c'est un risque de génération ou d'entretien de monopoles ». A l'inverse, « Passer à des solutions libres, c'est avoir la capacité de tester, d'innover, et aussi de maîtriser son système d'information grâce aux sources ouvertes ». Alliance de briques libres et d'applications pointues payantes Pour satisfaire tous les besoins des DSI, « Nous avons besoin de faire à la fois du libre et du propriétaire ». Les éditeurs sont copieusement critiqués. « La plupart des nouvelles versions n'apportent strictement rien du point de vue du métier ». La tendance qui semble se dessiner, c'est l'alliance de briques de base « libres », un développement d'applicatifs selon des modèles divers - mais de plus en plus en ligne -, et enfin d'applicatifs pointus payants. Le « Libre » est cependant critiqué: absence de vision, de feuille de route et absence d'interlocuteur unique identifiable sur les produits.