Livre électronique en France : définir une plateforme commune
(Source EuroTMT ) « Le numérique, tout le monde en rêve ! » Alain Kouck, le vice-président et directeur général d'Editis, le deuxième groupe d'édition français (avec des marques comme Plon, Editions XO, Presses de la Cité, ...), se montrait positif en février à l'occasion d'un événement organisé par le cabinet de conseil Deloitte sur l'avenir du secteur des TMT (Télecoms Médias Technologies). L'occasion de faire le point sur les enjeux de la bataille en cours. Alors que le livre entre à son tour dans l'ère numérique et que les éditeurs doivent affronter la concurrence de nouveaux acteurs issus d'internet, des télécoms ou de l'électronique grand public, Alain Kouck souligne qu'internet provoque un bouleversement de la relation avec la clientèle. Il a d'abord rappelé le poids pris par internet dans la vente de livre : 25 % des ventes se font en ligne aux Etats-Unis et 10 % en France. Principal acteur de ce marché : Amazon, qui représente 6 % des revenus d'Editis (à comparer à 20 % pour les éditeurs américains). Et d'ici à 3 ans, Alain Kouck estime que le poids d'Amazon atteindra 10 % chez Editis. Un poids qui pourrait être encore plus important, Amazon ayant commercialisé son propre ebook (le Kindle), en cherchant à modifier les règles du jeu : Amazon fixait le prix des livres numériques. Mais cette initiative a fait long feu, l'arrivée de l'iPad d'Apple, qui laisse les éditeurs déterminer les prix et leur propose une meilleure rémunération, obligeant Amazon à revoir sa stratégie. Concernant Google, « le principal acteur dont on parle », Alain Kouck a tenu des propos dépassionnés, loin de la controverse qui a éclaté l'an dernier, se contentant de ... Photo : Alain Kouck, vice-président et directeur général d'Editis (D.R.) (Source EuroTMT ) ... rappeler que le problème posé par le géant de l'internet portait sur la numérisation de contenus dont il n'a pas acquis les droits. Autre gamme d'acteurs : les revendeurs traditionnels. Un secteur, qui n'a pas été affecté par la crise économique, les ventes de livres ayant progressé, l'an dernier en France, de plus de 3 % selon Alain Kouck. Rappelant le poids de la distribution physique dans l'économie du livre (la France est le pays qui compte le plus grand nombre de point de vente par habitant), Alain Kouck estime que leur survie passe par un élargissement de leur offre pour fidéliser leur clientèle, en proposant le livre sous ses divers formats : papier, e-commerce et livre numérique. Un livre numérique aussi convoité par les opérateurs télécoms. A commencer par France Télécom, qui réfléchirait au lancement de son propre ebook. Pour les éditeurs français, l'enjeu est donc double : - proposer une plateforme commune de livres électroniques car « personne ne peut y aller tout seul. » Un projet auquel sont en train de se rallier les principaux éditeurs français, comme Hachette Livre qui s'est déclaré favorable, - se montrer intransigeant sur la propriété intellectuelle, le droit d'auteur et sa rémunération. Pour autant, Alain Kouck se montre assez confiant sur l'avenir du livre papier. Rappelant que les premiers ebooks ont été commercialisés au début de la décennie 2000, leurs ventes n'ont jamais réellement décollé. De plus, le marché français pourrait être protégé, au moins en partie, par le poids du livre de poche, qui représente 25 % des ventes. Et les ebooks (ou autres tablettes multimédias) n'apportent guère d'avantages face à ce format.