Les smartphones, cauchemar des administrateurs réseaux
Les responsables IT perdent pied devant leurs parcs de terminaux mobiles. Les utilisateurs mélangent les téléphones sous des systèmes d'exploitation différents et s'attendent à disposer pour chacun d'un accès à leur messagerie, et à leurs applications professionnelles.
L'univers des smartphones devient fou en multipliant les systèmes logiciels et leurs versions. Et cela complique énormément la vie des administrateurs de réseaux.
« Tout se passait à peu près simplement du temps où les responsables informatiques mettaient un ordinateur portable ou un BlackBerry dans les mains de leurs salariés nomades en leur disant 'vous êtes prêts à partir' », rappelle Paul DeBeasi, analyste spécialisé dans les applications sans fil chez Gartner. Il s'est exprimé lors d'une table ronde autour des technologies sans fil et des mobiles qui s'est tenue lors du salon Interop 2010 de Las Vegas.
« Désormais, les téléphones mobiles ressemblent de plus en plus à des mini-ordinateurs, et pire, ils tournent sous six plates-formes principales : BlackBerry, iPhone, Android, Palm, Windows Mobile et Symbian, » complète Michael Miller, spécialiste des technologies et vice-président en charge de la stratégie technologique chez Ziff Brothers Investments.
« Tout à coup, vous vous trouvez avec le choix de six plates-formes mobiles et vous devez décider laquelle vous allez supporter, » a-t-il ajouté. Donner à chacun un accès à sa messagerie est relativement facile, mais les utilisateurs veulent avoir toutes sortes d'applications professionnelles à portée de main.
« Ça devient une autre affaire de prendre les applications professionnelles et de les rendre exécutables d'un coup sur toutes ces plates-formes, » constate Michael Miller. « Nous sommes tous habitués à des applications qui s'exécutent sur des ordinateurs de bureau et des portables tournant sous Windows. Mais que se passe-t-il dans un monde où chacun veut profiter de la connectivité à tout moment ? Vous ne pourrez pas faire tourner un iPhone ou un BlackBerry sous Windows 7, que vous le vouliez ou non.»
Une interopérabilité nécessaire
La technologie mobile évolue rapidement, de nouveaux smartphones arrivent en permanence sur le marché, sans compter le développement ininterrompu des normes cellulaires telles que la 4G, WiMax et LTE.
« Alors que le monde nomade devient plus complexe, les entreprises ne peuvent pas simplement décider de supporter un dispositif et pas ...
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... un autre » estime Lisa Phifer, présidente de Core Competence, un cabinet de conseil en technologie. Une société peut choisir de concentrer ses efforts sur certaines plates-formes stratégiques et ses applications, mais les administrateurs réseaux auront du mal à interdire certains appareils mobiles.
« Au lieu de regarder la mobilité comme quelque chose d'adaptée à quelques standards, nous devons plutôt nous demander comment permettre la mobilité avec à peu près n'importe quel appareil, » a-t-elle déclaré. « Les téléphones mobiles sont bien plus diversifiés que les ordinateurs portables. »
Pour appuyer sa démonstration, elle a montré au public un téléphone Droid de Motorola, fonctionnant sous Android de Google, acheté il y a quatre mois. Celui-ci ne lui permet plus de faire tourner une application qu'elle avait besoin de tester pendant Interop, de sorte qu'elle a dû amener avec elle un Nexus de Google, tournant lui aussi sous Android, mais d'une autre version. Cette fragmentation d'Android est d'ailleurs de plus en plus critiquée.
« Certains utilisateurs peuvent avoir un téléphone Droid et un terminal iPod Touch, » a-t-elle fait remarquer. « C'est en partie une question de préférence, mais certains utilisateurs ont également des raisons légitimes, liées à leur usage professionnel, de devoir disposer de plusieurs smartphones au sein de l'entreprise, » dit-elle.
Des populations différentes dans l'entreprise auront également des envies différentes. Les VIP étant friands de l'iPhone d'Apple tandis que les collaborateurs accros à l'email opteront pour le Blackberry.
Par ailleurs, alors que la sécurité est une préoccupation majeure, la gestion des périphériques mobiles représente peut être un souci encore plus grand. Une enquête menée auprès de 475 personnes participant à Interop 2010 Las Vegas a montré que ...
... la gestion des appareils mobiles était « la plus grande préoccupation », 200 participants la qualifiant même de « principale préoccupation. »
En fin de compte, « les entreprises ont besoin de nouvelles plateformes de gestion et de politiques d'administration qui tiennent compte des différents types de dispositifs, » a déclaré Lisa Phifer. Au bout du compte, si toutes les applications mobiles étaient accessibles via des navigateurs Web, la création d'outils standards pouvant être utilisés sur toutes les plateformes mobiles serait somme toute assez simple.
Mais les succès de l'iPhone d'Apple et d'Android, le système d'exploitation de Google, ont alimenté la course aux applications individuelles, dont beaucoup fonctionnent sur tel type de mobile et pas un autre. « La plate-forme Android est ouverte et il est facile d'écrire des applications, ce qui n'est pas le cas avec l'iPhone, » a déclaré Michel Miller, ajoutant que « Apple avait verrouillé son processus de développement d'applications. »
« Il n'est pas possible de développer des applications iPhone avec un outil qui ne soit pas vendu par Apple. Si vous disposez d'Adobe ou de .Net, vous n'êtes, en théorie, pas autorisé à l'utiliser pour créer une application qui s'exécutera sur l'iPhone. » Une situation qui fait couler beaucoup d'encre, et qui n'a pas finit de le faire.
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