Les risques de l'acquisition de SIS par Atos Origin
L'acquisition de la société de services SIS par Atos Origin va être exposée aux risques des opérations de cette taille, quand une entreprise de 48 000 personnes en achète une autre de 31 000 personnes. Pour le management de Atos toute la difficulté va être de réussir à motiver les équipes de SIS. C'est ce que relève la société d'analyses CM-CIC Securities. Atos semble en tout cas avoir particulièrement bien organisé l'opération et a su négocier un prix attractif.
Atos Origin acquiert SIS, la filiale de services informatiques de Siemens pour 850 millions d'euros. Pour la société d'analyses CM-CIC Securities l'opération a un réel intérêt stratégique pour Atos, mais elle comporte des risques classiques liés à une opération de cette taille.
« L'annonce de l'opération devrait être bien perçue, à court terme, par les marchés » relève Dov Levy, analyste chez CM-CIC Securities. Elle présente cependant à moyen terme des risques classiques liés à une opération de cette taille et de cette nature. CM-CIC Securities liste des risques d'intégration, la réorganisation, la capacité d'Atos Origin à redonner une dynamique aux salariés de Siemens et à remonter les marges de la société allemande de 2,4% actuellement à 6 à 7% en 2013.
Cette acquisition risque en outre de diluer, dans un premier temps, la pondération de l'activité HTTS (Services Transactionnels de Haute Technologie) d'Atos dans le nouveau groupe. Mais devrait, dans un second temps, permettre à la filiale d'Atos d'accélérer sa croissance organique grâce à l'assise plus importante de sa base installée et de sa force commerciale.
Avec SIS, Atos rachète un chiffre d'affaires de 3,7 milliards ...
Photo : Peter Löscher, PDG de Siemens, et Thierry Breton, PDG de Atos Origin à l'occasion de l'annonce de la signature du rachat de SIS par Atos (D.R.)
... d'euros environ, rappelle CM-CIC. La marge réalisée par SIS est cependant faible (2,4%) comparée à celle d'Atos (7,3%). Les deux sociétés emploient respectivement 30 500 et 48 000 personnes, pour des chiffres d'affaires respectifs de 3,7 milliards d'euros et 5,2 milliards.
Avec SIS, Atos sera présent dans 42 pays et devrait être le numéro sept mondial des services informatiques juste devant Cap Gemini. Atos réalisant 8,7 milliards d'euros proforma en 2010 devant Cap qui atteint 8,6 milliards. Dov Lévy rappelle que les rumeurs de rapprochement entre Atos et SIS étaient déjà évoquées entre 2005 et 2008. « Elles ont ainsi fini par se concrétiser... à un moment où on l'attendait le moins » souligne le chercheur.
Siemens a garanti à Atos un chiffre d'affaires de 5,5 milliards d'euros sur les 7 prochaines années. Cela garantit le chiffre d'affaires et la marge que réalisera Atos pour Siemens, "afin probablement d'éviter les écueils de l'acquisition d'Origin", souligne Dov Lévy. Atos intégrera également le programme Siemens One du conglomérat allemand.
En outre Siemens s'est engagé à financer la quasi-totalité des coûts d'intégration du nouvel ensemble à hauteur de 250 millions d'euros, via notamment la suppression de 1750 postes dans l'effectif mondial de SIS et les salariés d'Atos ne devraient pratiquement pas être concernés, et via les rationalisations de locaux, ce qui devrait, d'après Atos, permettre de dégager 225 millions d'euros de synergies opérationnelles d'ici 2013. « L'intérêt de faire porter ces coûts par Siemens est double pour Atos : éviter de nouvelles restructurations chez Atos tant pour le moral des salariés et la dynamique de groupe et ne pas les supporter au niveau du P&L » pointe Dov Lévy.
Le chercheur relève le fait que le prix payé est d'autant plus faible que c'est Siemens qui va porter la quasi-totalité des coûts d'intégration et de restructuration. En outre, il estime que l'opération est bien conçue et devrait permettre à Atos d'éviter les écueils des acquisitions d'Origin et de Sema, via l'engagement de Siemens de garder ses actions Atos pendant 5 ans, et la garantie de chiffre d'affaires de 5,5 milliards d'euros sur les 7 prochaines années.