Les Procureurs américains veulent casser du Major
Le Procureur Général du Texas -Greg Abbott- , qui s'était déjà distingué pour avoir entamé une procédure à l'encontre de Sony à propos du piratage des machines de ses propres clients, revient sur l'affaire et ajoute quelques circonstances aggravantes. Car, après un examen un peu plus approfondi du fonctionnement du sinistre Rootkit Sony, il semblerait que l'infection frappe même les ordinateurs des personnes ayant refusé les conditions de la licence. La preuve formelle d'un piratage avec intention de nuire est une fois de plus confirmée (détournement des appels système, vol de temps machine, exploitation de ressources sans le consentement de l'usager, intrusion sur un système d'information par des moyens camouflés etc). Bob Lemos du Security Focus relate ce nouvel épisode et rappelle rapidement la genèse de l'histoire. Eliott Spitzer, Procureur General de l'Etat de New York cette fois, et candidat à la mairie de Big Apple veut également mettre les Major au pas. Première cible : Warner Music, accusé, ainsi que certains de ses confrères Universal Music, Sony BMG (encore eux !) et EMI d'entente sur les prix de la musique en ligne et de pratiques douteuses concernant la « promotion » des titres auprès des radios (en d'autres termes des dessous de table glissés dans la poche des grands networks pour matraquer le Top 50). La chose paraît totalement impensable. Ce serait comme si, par exemple, les opérateurs de téléphonie mobile français fixaient en secret le coût de la minute de conversation et les tarifs d'abonnement ... Malgré le peu de sérieux d'une telle accusation, Sony notamment convenait d'un arrangement financier de 10 millions de dollars pour clore le volet « promotion radio » de l'affaire, tandis que Warner lâchait 5 M$. Pour ce qui concerne l'éventuelle entente sur les prix de la musique téléchargeable, Warner aurait admis avoir reçu une citation à comparaître (dixit une dépêche Reuter). EMI, de son côté, déclare être prêt à aider la justice par tous les moyens, et balance ses petits camarades et en précisant avoir reçu des courriers faisant allusion à des pratiques peu légales. Ce n'est pas la première fois qu'Eliott Spitzer se lance dans une telle croisade anti-trust. Déjà, l'an passé, le Procureur New Yorkais s'était attaqué aux compagnies d'assurance et avait eu la tête du patron du plus gros courtier américain. La technique est toujours la même : afin de combattre cette nouvelle forme de criminalité en col blanc qu'est la fraude financière des holdings, Spitzer expédie des « subponae » en rafales. Ces citations à comparaître font immédiatement grand bruit dans les milieux de la finance, et les cours boursiers des entreprises visées subissent de violents remous. Contraintes alors de transiger, les sociétés poursuivies conviennent généralement d'un accord à l'amiable financièrement acceptable, accompagné de quelques décapitations politiques éliminant les présumés responsables. Il va sans dire que dans les milieux patronaux une telle pratique est qualifiée de « chantage protégé par la loi », tandis que les associations de défense de consommateurs félicitent cet homme qui ose pourfendre des institutions se croyant au-dessus de ces mêmes lois. Il est impensable que le candidat en campagne à la Mairie de NYC parte en guerre sans preuves solides... Spitzer est autant fin politique qu'habile homme porteur de mortier. La marge de manoeuvre laissée aux patrons des entreprises visées est donc probablement très faible.