Les pointures quittent le navire Yahoo
Les annonces de départs se succèdent chez Yahoo. Ce ne sont pas moins de neuf cadres de premier plan qui viennent de quitter la société à la suite du refus obstiné de son PDG de céder à l'offre de rachat de Microsoft pour cause de ressentimennt personnel.
Un an après avoir pris la casquette de PDG de Yahoo, Jerry Yang est attendu au tournant lors de la prochaine assemblée générale, qui se tiendra en août. Les personnalités fuient sa société en nombre, certains actionnaires fulminent de rage suite à l'échec de l'OPA de Microsoft, et le plan de réorganisation de Yahoo inquiète les salariés. Si Jerry Yang ne redresse pas la barre et ne présente pas des explications argumentées lors de l'assemblée générale, il risque sa tête. Côté départs marquants, Jeff Weiner, vice-président de la division réseau de la société, vient de quitter son poste après sept ans de service. Il rejoindra en septembre prochain les capitaux-risqueurs Accel Partners et Greylock Partners. Avec ce départ, Yahoo perd encore une pointure de son équipe dirigeante. Jeff Weiner chaperonnait une équipe de 3000 personnes, supervisant ainsi la gestion de produits et de services pour 500 millions d'internautes. Sa division génère un chiffre d'affaires de 3 milliards de dollars chaque année. Il a également participé à de nombreux développements stratégiques pour Yahoo, comme Yahoo Mail, Messenger, News, Answers... Sans compter le projet de réseau social ouvert, qu'il a lui-même mené à bien, ainsi que sa précieuse contribution dans l'acquisition de sociétés comme les moteurs de recherche Inktomi et AltaVista (en juillet 2003), Del.icio.us (un service de marque-pages, en décembre 2005) ou encore Flickr (site de partage de photos, en mars 2005 pour un montant de 35 millions). Ces différents rachats avaient permis à Yahoo de créer et d'enrichir son propre moteur de recherche, Yahoo Search Engine, sur lequel Microsoft a d'ailleurs tenté de mettre la main. Pour Yahoo, la pilule est amère, d'autant que la société doit digérer la fuite d'autres cerveaux. Simple hasard du calendrier, ou conséquence directe de l'obstination de Jerry Yang, PDG de Yahoo, à rejeter l'offre de Microsoft pour se rapprocher de Google ? Les départs sont trop nombreux pour croire à une pure coïncidence. Le 18 Juin, les deux fondateurs de Flickr, le canadien Stewart Butterfield et l'américaine Caterina Fake, ont quitté la société « pour des raisons personnelles ». Avant eux, Usama Fayyad, vice-président des solutions de données stratégiques, Matthew Berardo, chargé de l'international, ainsi que Jeremy Zawodny, responsable du développement, ont abandonné le navire. Qi Lu, vice-président exécutif en charge de la recherche et de la technologie publicitaire, Vish Makhijani, dans la recherche, et Brad Garlinghouse, vice-président senior responsable de certains outils de communication comme le mail ont également pris la poudre d'escampette selon l'édition du New York Times datée du 19 juin. Brad Garlinghouse est par ailleurs l'auteur du manifeste du beurre de cacahuète , qui dénonçait déjà les erreurs de stratégie du précédent PDG, Terry Semel. Un an presque jour pour jour après avoir pris la place de Terry Semel, Jerry Yang se trouve dans une position de plus en plus précaire. Lors de la prochaine assemblée générale en août, il devra rendre des comptes aux actionnaires. Certains d'entre eux réclament carrément sa tête, furieux d'avoir vu une offre en or leur passer sous le nez en vertu des ressentiments personnels du PDG de Yahoo envers Microsoft. Jerry Yang devra également remplacer les postes vacants, et surtout juguler cette fuite des cerveaux. Selon le Wall Street Journal, Yahoo envisage une modification drastique de l'organisation de ses activités afin de centraliser certains types de services au sein d'une même entité. Susan Decker, présidente de Yahoo, chapeautera cette restructuration, dont le but officiel est d'améliorer la communication en interne et de favoriser les synergies. Les salariés de Yahoo craignent, quant à eux, que derrière ces termes se cache en réalité une réduction d'effectifs.