Les pirates pires que les communistes
La dialectique éculée du McCartisme fait encore recette, du moins dans les communiqués de propagande McAfee. Un McAfee qui présente son traditionnel rapport de fin d'année sur la cybercriminalité, dans lequel on apprend que les « cybercriminals [are] using tactics reminiscent of those employed by the KGB during the cold war ». Et de préciser que l'embauche dans les rangs de l'Internationale Hackiste commence dès 14 ans, que certains héros sont glorifiés tels des dieux... la vision du recrutement du véritable KGB durant la guerre froide par les directeurs marketing de McAfee est plutôt folklorique. Car, effectivement, les techniques favorites de recrutement des honorables correspondants cuvée soviétique sont bien là. Les « script kiddies » sont délaissés au profit de personnes plus « mûres », tout espoir de gloire est banni -la discrétion des projets de botnets ou d'exploits par exemple en serait compromise- et les primes de remerciement sont généreuses et proportionnelles aux résultats obtenus. En cas d'échec ou de rébellion, en revanche, c'est le bâton, et là, encore, l'étude de McAfee glisse pudiquement sur les méthodes de crapules des industriels du malware. Tout compte fait, même McAfee parvient à raconter des choses sensées... Le reste de l'article est beaucoup plus classique, où l'on y retrouve le cortège des méfaits les plus courants : abus de confiance, vol d'informations trop souvent mal protégées, influence grandissante des Botnets qui, aux dires de l'éditeur, friserait les 12 millions de machines zombifiées... notons au passage l'usage savoureux du terme « illegal spamming », laissant entendre que McAfee reconnaitrait l'existence d'un « legal spamming ». Mais là, ce n'est plus de l'anticommunisme primaire, c'est de l'objectivité commerciale.