Les patrons de Microsoft et de Cisco devraient être remplacés, selon Forbes

le 18/05/2012, par Jean Pierre Blettner avec IDG News Service, Infrastructure, 805 mots

Microsoft et Cisco ont beau dégager des bénéfices colossaux, leurs PDG ne trouvent pas grâce aux yeux du magazine Forbes. La revue critique la chute du cours de bourse et l'absence de renouveau de la stratégie, trop en décalage avec l'évolution du marché.

Les patrons de Microsoft et de Cisco devraient être remplacés, selon Forbes

Le magazine Forbes a dressé la liste des PDG qui auraient déjà dû être virés, et parmi les cinq premiers on trouve, Steve Ballmer (en 1ère position), patron de Microsoft et John Chambers (5ème position), patron de Cisco. On trouve dans la même liste, les patrons de General Electric, Wallmart (numéro un mondial de la grande distribution) et Sears. 

Comment Forbes arrive-t-il à cette conclusion alors que Microsoft et Cisco dégagent des profits considérables? En 2011  Microsoft a vu son chiffre d'affaires s'accroître de 12% et son bénéfice grimper de 23%. La firme a ainsi réalisé 69,9 milliards de dollars de revenus et 23,2 milliards de bénéfices (Un tiers du chiffre d'affaires!).

La tendance est certes moins bonne pour Cisco.  Le chiffre d'affaires a augmenté de 8% (43,2 milliards) mais ses bénéfices avaient chuté de 16%. Ils restaient toutefois largement positifs à 6,5 milliards. Dans la période considérée, Cisco avait du licencier 12 000 collaborateurs. La firme demeure cependant le numéro un mondial du routage IP dans un monde où les contenus numériques explosent, vidéo en tête, et passent par des réseaux conçus autour des équipements d'origine Cisco. 

Mais pour Forbes, John Chambers présente une stratégie confuse dans un marché en plein changement.  Il est le patron le plus ancien dans son poste dans la liste établie par Forbes. John Chambers, âgé de 63 ans, est aux commandes de Cisco depuis 1995.

Photo : Steve Ballmer, patron de Microsoft (D.R)



Le cours de bourse de Cisco avait atteint 70$ par action en 2001. Mais depuis estime Forbes, Cisco a une stratégie et une croissance brouillées à la suite des multiples récessions, coupes dans les budgets informatiques et face à l'arrivée du Cloud Computing.

John Chambers a fait un bon boulot lorsque le marché était en croissance, mais depuis que le Cloud Computing monte en puissance ainsi que l'usage des réseaux mobiles, « Cisco s'est montré incapable d'innover et de lancer de nouveaux marchés » liés au Cloud, selon Forbes.

« John Chambers a réorganisé la société trois fois, mais c'est comme réarranger les chaises longues sur le pont du Titanic. Beaucoup de confusion, mais aucune amélioration dans les résultats.  »

Entre 2001 et 2007, le titre Cisco a perdu la moitié de sa valeur, pour tomber à 35$. La valorisation se négocie actuellement à 17$. Et il n'y a aucun signe de renouveau pour Cisco, car chaque publication de résultats montre l'absence de stratégie dans un marché en train de changer.

« S'il existe un patron resté trop longtemps à son poste, ce serait Cisco », termine la revue.  La récente publication des résultats trimestriels de Cisco montrait toutefois sa capacité à dominer ses marchés traditionnels, même si Cisco paraît en effet être éloigné des réseaux mobiles 4G  et ne s'est pas imposé sur le secteur des serveurs de nouvelle génération. 



Quant à Steve Ballmer, 56 ans, il n'y a aucun doute à ce que soit le pire PDG d'une société cotée, selon Forbes.  Non seulement il a éloigné Microsoft  des marchés les plus lucratifs et à plus forte croissance : la musique mobile, les téléphones portables et les tablettes, mais dans le processus, il a sacrifié outre la croissance et les profits de sa propre société également ceux de son écosystème : HP, Dell, et Nokia.

Forbes rappelle que Microsoft a culminé à 60 $ par action en 2000, au moment où Steve Ballmer a pris les rênes de la société. En 2002, le cours de l'action était tombé à 20$, et n'est remonté que rarement à sa valeur la plus faible de 30 $.

Pour Forbes, les produits ont été retardés, ont tant manqué de valeur ajoutée,  que les clients ont tout fait pour éviter les mises à jour. Le magazine souligne que de l'aveu même de Steve Ballmer, Windows Vista a coûté beaucoup trop cher (200 années homme en trop selon le dirigeant) et son lancement en retard a amené les utilisateurs à éviter les mises à jour.





Windows 7 et Office 2010 n'ont pas redressé la barre en termes d'intérêt tant pour le grand public que pour les entreprises à l'heure où Apple détient le leadership sur les technologies personnelles. « Microsoft est une société de PC à l'heure où le monde devient mobile » insiste Forbes.

La revue poursuit : "Steve Ballmer parie désormais sur Windows 8 avec des années de retard sur le marché. Il entraîne avec lui HP, Dell et Nokia. C'est un pari fou. Il devrait être remplacé pour cesser de prendre de tels risques avec l'argent des actionnaires, et les employés".

Reste que Microsoft détient l'essentiel du marché des systèmes d'exploitation pour PC, domine celui des serveurs, des suites bureautiques et de certaines lignes logicielles. Mais il  est vrai que récemment, Steve Ballmer s'est montré un peu décalé par rapport au marché. 

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